Comprendre l’écriture et la représentation des parodies dramatiques au XVIIIe siècle suppose d’intégrer à sa réflexion les spécificités des salles de spectacle qui les programment, l’histoire culturelle et le système des monopoles propre à la France d’Ancien-Régime, mais aussi le jeu des comédiens, les interventions du parterre ou encore la musique (dans le cas des pièces en vaudevilles). S’agirait-il d’un genre par essence mineur et parasitaire, comme le soutient Voltaire, dont les tragédies ont été trop fréquemment parodiées à son goût ? Ce préjugé, qui perdure parfois encore, est déjà exprimé par les théoriciens du XVIIIe siècle sous la forme d’une mise en garde : la satire est l’écueil de la parodie. Pourtant, les parodistes ne cherchent pas à éreinter systématiquement les auteurs d’opéras ou de tragédies. Ils ont besoin que les œuvres visées aient un succès suffisant pour pouvoir jouer sur une mémoire commune. Ceci étant dit, le critère d’imitation ne suffit pas à définir des pièces qui sont des spectacles à part entière. Les parodies n’ont pas seulement une valeur de témoignage car elles participent pleinement à l’évolution et à la diversification des écritures dramatiques et des pratiques scéniques du XVIIIe siècle.