L’essai présenté par Georges Balandier en 1951 – repris ensuite dans le premier chapitre de sa thèse publiée sous le titre Sociologie actuelle de l’Afrique noire en 1955 – soulève plusieurs questions intéressant l’anthropologie appliquée qui se développe sous le nom de « culture contacts » au tournant des années 1930, en Grande Bretagne et en Afrique du Sud. Dans son approche théorique, Balandier s’en tient à la critique de la démarche prônée par Bronislaw Malinowski, sans véritablement prendre acte du parcours accompli, des deux décennies de travaux menés sur les processus de changement social en Afrique. Aussi, l’analyse proposée dans ce chapitre passe en revue les références attribuées aux chercheurs britanniques et sud-africains dans l’essai de Balandier, à l’appui des ethnographies et des orientations théoriques détaillées dans leurs publications. Elle révèle ainsi que l’approche dynamique des processus de changement en Afrique naît sous la plume de Meyer Fortes (1936), dont le cadre général est repris par Malinowski (1938). Mais, plus surprenant, le choix de recourir à une micro-sociologie des situations pour appréhender plus finement la nature des phénomènes, dont Balandier attribue la paternité à Georges Gurvitch, s’impose également aux universitaires sud-africains investis sur les terrains du contact. Une coïncidence, ou une convergence de vue que Balandier n'a pas relevée. Si la première filiation intellectuelle est logiquement affirmée dans l’essai, la seconde en revanche est tue.