Après la Première Guerre mondiale, la question des activités physiques et sportives prend une nouvelle importance et la « Chambre bleu horizon » s’attèle à la structuration d’une entité administrative dédiée. C’est d’abord Gaston Vidal qui est chargé de ces questions, en tant que sous-secrétaire d’État à l’enseignement. Mais un Haut-commissariat spécifiquement consacré aux sports, à l’Éducation physique et à la préparation militaire est peu à peu mis en place. Il est rattaché au ministère de la Guerre, dans la lignée des attributions du sous-secrétaire d’État avant 1914. Henry Paté est nommé en 1921, Paul Bénazet lui succède en 1924. Ce service de l’Éducation physique est ensuite remplacé, au gré d’un remaniement ministériel en 1928-1929, par un Sous-secrétariat d’État rattaché à l’Instruction publique . Mais entre 1926 et 1929, une configuration ministérielle particulière entraine une modification. Les activités physiques et sportives sont désormais dirigées par un cabinet spécifique sous l’autorité du ministre de la Guerre, Paul Painlevé. Cette situation originale, qui dure plusieurs mois, résulte du rôle politique considérable joué par Painlevé jusqu’à la fin des années 1920 : ministre de la Guerre de 1925 à 1929, il oriente durablement la politique militaire de la France. Il est aussi président du Conseil pendant quelques mois en 1925. Ce cabinet « de l'Éducation physique, des sports et de la préparation militaire » est dirigé par un personnage dénommé Jean Bourguignon, homme de confiance et ancien chef de cabinet de Painlevé. Il est chargé des questions civiles tandis que le général Échard dirige les services militaires de l’Instruction physique et de la préparation militaire. L’intérêt particulier de cet épisode est rehaussé par l’excellent état de conservation des archives du cabinet . Peu exploité dans l’historiographie, ce fonds est pourtant une véritable mine d’or qui regroupe tous les documents administratifs et la correspondance entre administration et fédérations pour la période 1926-1929. « L’épisode Bourguignon » permet ainsi de s’interroger, à partir d’un fonds documentaire conséquent – qu’il s’agit de mettre en perspective avec les échos qu’on peut en trouver dans la presse sportive de l’époque – sur les échecs de la mise en place d’une véritable politique sportive dans les années 1920 . C’est aussi l’occasion de repenser la notion même d’échec, à propos des politiques sportives, en comparant les attentes souvent déçues des milieux sportifs avec l’activité réelle d’une administration guidée par des objectifs propres . Cet antagonisme est d’autant plus marqué dans un contexte d’instabilité ministérielle pour la direction de l’Éducation physique, qui peine ainsi à intégrer les réalités nouvelles du sport moderne.