Influence des contacts sociaux sur le cheval au débourrage
Résumé
En tant qu’espèce sociale, le cheval a un besoin fondamental d’interagir avec ses congénères. Pourtant, il est couramment hébergé en box individuel, un mode d’hébergement qui empêche l’expression des comportements sociaux. Cet isolement social intervient précocement dans la vie du cheval, dès le débourrage. Afin de déterminer l’impact des contacts sociaux sur le bien-être et les capacités d’apprentissage du jeune cheval au débourrage, nous avons étudié 12 chevaux, âgés de 2 à 3 ans, durant une période d’un mois. Tous les individus de l’étude étaient logés dans des boxes classiques sans possibilité d’entrer en interaction. L’effectif était séparé en deux conditions expérimentales : les chevaux n’ayant aucune possibilité d’interactions sociales (condition isolée) et les chevaux ayant la possibilité d’interagir avec un congénère temporairement (condition sociale). Ces derniers étaient amenés par paire 2h/jour dans un box permettant des contacts sociaux. En parallèle de ces mises en contact, nous avons collecté différentes variables comportementales au travail (comportements d’inconfort, de défense, état de tension, position des oreilles) et des indicateurs de mal-être au box classique.
Au travail, les contacts sociaux quotidiens ont eu un impact positif sur l’état émotionnel des chevaux qui étaient plus relaxés et plus attentifs. Cet état émotionnel positif contribue probablement à de meilleures conditions d’apprentissage pour ces jeunes chevaux avec, sans doute, un impact sur le développement de la relation avec l’humain pendant le travail. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les chevaux de la condition sociale ont également exprimé de nombreux comportements d’inconfort. Notre interprétation est que l’isolement social rendrait les individus de moins en moins expressifs et réactifs - syndrome de résignation acquise - tandis que les chevaux de la condition sociale, en conservant cette capacité à réagir, exprimeraient une résistance au débourrage par ces signes d’inconfort. Au box, les chevaux de la condition sociale ont exprimé moins de comportements de mal-être que ceux de la condition isolée. Il semble donc que le maintien de contacts sociaux quotidiens améliore le bien-être des chevaux en général.