Pour évaluer correctement l’agrobiodiversité, il est essentiel de comprendre comment les agriculteurs nomment et classent leurs cultures, notamment au regard de leurs méthodes de multiplication. Pourtant, les savoirs locaux sont souvent négligés dans les études génétiques, ce qui peut entraîner une sous-estimation de la diversité des cultures et entraver sa conservation et sa mobilisation pour le développement d’agrosystèmes durables. Ici, nous étudions le statut du palmier dattier barnī, la variété élite locale de l’oasis d’al-’Ulā, en Arabie saoudite. Nous avons mené une enquête ethnobotanique sur les pratiques phœnicicoles locales et généré des données sur le génome entier afin de déterminer si les palmiers barnī sont ou non exclusivement propagés de manière clonale. En outre, nous avons comparé les génomes du barnī et de deux autres palmiers d’al-’Ulā avec 112 Phoenix spp. afin de fournir un premier aperçu de l’origine de la diversité des palmiers dattiers dans cette oasis millénaire. Les résultats montrent que derrière le nom barnī se cache une seule lignée clonale, un cultivar vrai, indiquant une propagation clonale par rejets avec maintien du nom même entre des contextes de culture bien distincts à al-Ulā ou dans une oasis voisine. Néanmoins, ce cultivar est distinct du barnī très répandu à Oman. Son ascendance est comparable à celle d’autres palmiers dattiers d’Asie occidentale, mais nous avons constaté que l’ascendance d’un autre palmier de cette oasis montre une influence des palmiers dattiers d’Afrique du Nord. Ce qui se cache derrière le nom du cultivar barnī à al-’Ulā et plus loin dans la péninsule arabique a été déchiffré grâce à la combinaison de disciplines-clés que sont l’anthropologie sociale et la génétique. De futures recherches permettront de mieux comprendre la composition génétique originale de cette oasis.