Notre réflexion porte sur l’usage de l’enquête comme outil de gestion et de prévention des risques environnementaux, militaires, ou territoriaux en Provence entre le XIIIe et le XIVe siècle. En effet, pouvons-nous considérer l’enquête comme un outil vertueux permettant de connaitre et d’améliorer les réalités auxquelles sont confrontées les sociétés médiévales ? Ainsi, même si l’absence de théorisation du risque à l’époque médiévale semble manifeste, nous pouvons interroger le développement d’une rationalité – sans doute empirique - permettant d’inclure la gestion, voire la prévention du risque dans le discours et les actes de la pratique. Dès lors, la mise par écrit d’une procédure-type d’enquête permettrait de fixer un cadre d’exercice de la gestion des risques après un conflit privé, ou de bornage, mais aussi après une catastrophe naturelle comme les inondations régulières aux abords du Rhône. Il est également possible d’observer que ces enquêtes peuvent être utilisées a priori, pour prévenir un risque ou en contrôler l’impact, notamment en ce qui concerne la maîtrise du droit de la propriété par le bornage, avec la mise par écrit de l’usus d’un lieu, identifié comme pouvant être générateur de conflits s’étalant dans le temps, comme le montre les procédures faisant référence à des actes antérieurs traitant du même risque. Le recours à la base de données établie durant ma thèse permettrait ici de repérer des récurrences dans une dimension explicite afin de réfléchir autour de l’usage de la procédure inquisitoire comme outil de réponse à une situation de crise possible ou comme prise en compte d’un passif déjà existant.