L’utopie animale de la décennie 1650. Mise en question de la “souveraineté” humaine - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2021

L’utopie animale de la décennie 1650. Mise en question de la “souveraineté” humaine

Nicolas Correard

Résumé

The synchronicity between the publication of Frémont d’Ablancourt's "Supplément de l’Histoire véritable" (1654), Mademoiselle de Montpensier 's "Relation de l’Île imaginaire" (1659), and the two parts of Cyrano's "Autre monde", or "Les États et Empires de la Lune et du Soleil" (1657-1662) shows the emergence of "zootopias", marking a milestone in the history of imaginary voyages. Mustering all cultural elements relating to animals in the "Grand siècle", these fictions do not only stage the spectacle of nature forming a society: they shatter the myth of human "sovereignty", closely associating political and philosophical satire. In many ways, they echo the post-Cartesian controversy about animal soul. Animal utopia does not only consist in representing the eu-topos of nature as an ideal place from which the human being is alienated, but also the ou-topos, the unthinkable possibility of animal rationality and speech. Or even, in Cyrano's case, or in Frémont's already, the unbearable revelation of an identity between the beast and human.
La concomitance entre la publication du "Supplément de l’Histoire véritable" de Frémont d’Ablancourt (1654), la "Relation de l’Île imaginaire" de Mademoiselle de Montpensier (1659), et l’élaboration des deux parties de l’"Autre monde", ou "Les États et Empires de la Lune et du Soleil" de Cyrano (1657-1662), invite à réfléchir sur l’émergence de « zootopies » marquant un tournant dans l’histoire du genre des voyages imaginaires. Mobilisant toutes les cultures animales du Grand siècle, ces fictions ne proposent pas seulement le spectacle d’une nature faisant société : elles malmènent le mythe de la « souveraineté » de l’être humain, en associant étroitement satire politique et satire philosophique. À des titres divers, elles font écho à la controverse post-cartésienne sur l'animalité. L’utopie animale consiste non seulement à représenter l’eu-topos de la nature comme un lieu idéal dont l’être humain s’est éloigné, mais aussi l’ou-topos, l’impensable de la rationalité ou du discours animal. Ou encore, évidemment dans le cas de Cyrano mais déjà dans le cas de Frémont, l’inacceptable révélation de l’identité entre l’homme et la bête.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03761724 , version 1 (26-08-2022)

Identifiants

Citer

Nicolas Correard. L’utopie animale de la décennie 1650. Mise en question de la “souveraineté” humaine. F. Greiner (dir.). Le Roman français au crépuscule de l’âge baroque (1643-1661), Classiques Garnier, pp.195-236, 2021, ⟨10.48611/isbn.978-2-406-12367-5.p.0195⟩. ⟨hal-03761724⟩
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