Depuis deux décennies, sous l’impulsion des services de l’État et grâce à la diversification des interventions (fouilles préventives et programmées), la recherche archéologique dans les départements français d’Amérique connaît un essor remarquable. Dans l’archipel guadeloupéen, des investigations systématiques ont déjà permis de mettre au jour plusieurs dizaines de dépôts funéraires amérindiens. Dans une approche diachronique (ca 250-1500 apr. J.-C.), nous nous attacherons plus particulièrement aux sites post-saladoïdes (900-1500 apr. J.C.). Les pratiques funéraires qui ont pu y être relevées, notamment à la Pointe de la Grande Anse (Trois-Rivières), ouvrent des perspectives de recherches privilégiées pour comprendre les sociétés insulaires tardives. Mais l’étude de ces populations ne peut pas être envisagée sans référence à leurs origines : les Guyanes. Aussi, les dernières découvertes archéologiques réalisées en Guyane française nous amèneront à repenser les résultats obtenus en Guadeloupe à une échelle pan-caribéenne. La question de la continuité des traditions funéraires entre le continent et les îles s’inscrira ainsi au cœur de notre réflexion. À ce corpus archéologique, on doit ajouter celui des descriptions ethnohistoriques composées par les voyageurs, les missionnaires et les colons dès le début du XVIIe siècle. Les gestes funéraires dont témoignent ces Européens sont-ils analogues à ceux observés in situ par les archéologues ? Les tentatives d’évangélisations des Amérindiens ont-elles modifié leurs pratiques funéraires ? Autant de questions posées par l’examen critique des sources écrites. Enfin, outre l’étude des pratiques, le corpus documentaire nous conduira à ouvrir notre réflexion sur la question des rites funéraires, de leurs perceptions par les observateurs des XVIIe-XVIIIe siècles et de notre capacité à en reconstituer des éléments.