Individualisme méthodologique et croyances collectives
Résumé
Do collective beliefs have a life of their own? Yes, but they are not located outside the individual. They take shape and consolidate as they are invoked in ordinary discourse, notably in the form of first-person descriptions. We could go even further, and defend an ontological holism considering that actors' everyday references create collective beliefs, so that groups can truly believe and even have feelings associated with these beliefs (Gilbert, 2002). However, the position of Alban Bouvier, to whom this book pays tribute, is that of "subjective holism" (Bouvier, 2011): collective beliefs do not exist as such, but actors refer to them in such a way that they individually have the corresponding mental states. This is a consistent methodological individualism, as it rejects ontological holism (itself incompatible with the naturalism on which all rigorous science is based); but non-dogmatic in that it does not reduce collective beliefs stricto sensu to the sum of individual beliefs. All these reflections take place within an epistemology that refuses to mix questions of method with the political issues that all too often arise when discussions of holism and individualism are at stake.
Les croyances collectives ont-elles une existence propre ? Oui, mais elles ne sont pas situées hors de l’individu. Elles prennent forme et se consolident à mesure qu’elles sont invoquées dans des discours ordinaires, notamment sous la forme de descriptions à la première personne du pluriel. On pourrait aller plus loin, et défendre un holisme ontologique considérant que les références quotidiennes des acteurs créent des croyances collectives, de sorte que les groupes peuvent vraiment croire et même avoir des sentiments associés à ces croyances (Gilbert, 2002). Toutefois, la position d'Alban Bouvier, auquel le présent ouvrage rend hommage, est celle du « holisme subjectif » (Bouvier, 2011) : les croyances collectives n’existent pas en tant que telles, mais les acteurs y font référence de telle sorte qu’ils ont individuellement les états mentaux correspondants. Il s’agit là d’un individualisme méthodologique conséquent, car il refuse le holisme ontologique (lui-même incompatible avec le naturalisme sur lequel se base toute science rigoureuse) ; mais non-dogmatique en ce qu’il ne réduit pas les croyances collectives stricto sensu à la somme de croyances individuelles. L’ensemble de ces réflexions prend place dans une épistémologie refusant de mêler les questions de méthode aux questions politiques, qui trop souvent apparaissent lorsque les discussions sur le holisme et l’individualisme sont en jeu.
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