Le milieu semi-aride de la Russie au défi des remontées désertiques - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2010

Le milieu semi-aride de la Russie au défi des remontées désertiques

Résumé

La plaine Caspienne et ses marges constituent l’un des milieux arides les plus septentrionaux du monde, dépassant le 48e parallèle. Ces déserts et semi-déserts, qui couvrent entièrement la république de Kalmykie et l’oblast d’Astrakhan, débordent sur les régions de Volgograd, Rostov et Stavropol, ainsi que sur la république du Daghestan. Ce sont 200 000 km² du territoire russe qui souffrent ainsi d’un manque d’eau crucial, et même près d’un million de km² si l’on y inclut les steppes sèches. Face à la pénurie d’eau, les plantes développent des adaptations qui doivent aussi tenir compte de la contrainte du froid de l’hiver. Les xérophytes sont donc aussi des cryophytes. Le nombre d’espèces résistant au cumul des deux contraintes est réduit, bien que la longue saison froide ait l’avantage de réduire les pertes par évaporation, favorisant les plantes à enracinement profond. Pour la vie végétale et animale, le printemps est la bonne saison, celle du développement des feuilles des xérophytes à dimorphisme foliaire, de la mise en réserve de l’eau par les succulentes et de la poussée des plantes éphémères qui fournissent les pâturages temporaires de Kalmykie. En tant que milieu extrême, le désert russe voit les conditions pédologiques locales prendre une grande importance, expliquant pour l’essentiel la mosaïque des habitats. Ces sols salins ou alcalins perturbent la disposition zonale qui, sans eux, ferait passer du nord au sud du semi-désert, où une maigre steppe laisse voir des plaques nues de sol châtain clair, au désert vrai, où quelques armoises et autres plantes xérophiles arrivent à se satisfaire d’un sol brun steppo-désertique à niveau carbonaté induré. Que ce soit en semi-désert ou en désert vrai, les sols salés restent à nu ou sont colonisés en partie par des plantes spécialisées, halophytes et gypsophytes. Les types de sols halomorphes sont liés entre eux, pouvant conduire de l’un à l’autre dans le temps et l’espace. L’augmentation du lessivage et la différenciation des horizons provoquent le passage des solontchaki aux sols à alcalis, puis aux solontsy et aux solodi. Les sables forment un autre milieu édaphique azonal, où peuvent pousser quelques plantes fixatrices, les psammophytes. On rencontre des paysages de dunes de sable, les peski, à l’est de la région d’Astrakhan et de la Kalmykie, ainsi qu’au nord-ouest du Daghestan. Etant donné la situation septentrionale du désert russe, qui limite l’évaporation, les sables, dans lesquels l’eau s’infiltre, offrent des réserves d’eau profondes, parfois utilisables dans certaines dépressions. Mais la grande chance du désert russe situé au nord-ouest de la mer Caspienne est d’être arrosé par un grand fleuve bordé d’une oasis, la Volga. Des chênaies, poursuivies au sud par des ormaies et des peupleraies, ainsi que des prairies alluviales y croissent de façon naturelle. Les fortes contraintes naturelles du désert Caspien ont rendu sa mise en valeur difficile par la société russe et, en retour, ce milieu fragile montre des signes de dégradation de son environnement. Aux campagnes de bonification des sols halomorphes et au développement de l’irrigation a succédé la salinisation de terres nouvelles, dépassant le milieu désertique initial pour remonter vers le nord en zone de steppe. Les tempêtes de poussière en sont l’une des manifestations. La lutte méthodique contre la déflation et l’avancée des sables a baissé par rapport à la période soviétique mais la superficie des aires protégées a fortement augmenté. C’est ainsi que le parc naturel régional du lit d’inondation de la Volga et de l’Akhtouba tente de promouvoir un développement respectueux de l’environnement dans l’oasis la plus riche du désert russe.
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Dates et versions

hal-03739133 , version 1 (27-07-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03739133 , version 1

Citer

Laurent Touchart. Le milieu semi-aride de la Russie au défi des remontées désertiques. Les milieux naturels de la Russie, une biogéographie de l’immensité, L'Harmattan, pp.367-414, 2010, 978-2-296-11992-5. ⟨hal-03739133⟩
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