Dans tout conflit, la guerre des mots précède et annonce généralement le feu des armes. Les deux cas d’étude que nous aborderons ici ne font pas exception à cette règle. Au contraire, les crimes de masse perpétrés en ex-Yougoslavie et au Rwanda ont bien été préparés et initiés par des discours politiques belliqueux, à terme, belligènes. Les fondements idéologiques autant que la dynamique de production puis d’application de ces discours de guerre leur confèrent cependant un caractère spécifique. La propagande guerrière au cœur de laquelle s’originent ces conflits est en effet de type ethniciste plutôt que politique, privilégiant l’anéantissement puis la refonte de la cité plutôt que l’extension du territoire et le renforcement de la souveraineté de l’État existant. En ce sens, la propagande guerrière à l’origine des conflits de l’ex-Yougoslavie et du Rwanda annonce et se réjouit à l’avance de la fin du politique entendu comme principe social régulateur et intégrateur, transcendant la diversité des citoyens pour construire un « monde commun » au-delà des allégeances primordiales…