L’article de Jean-Philippe Pieron propose une interprétation des transformations de la relation médecin-malade à partir d’une réflexion ambitieuse mettant en perspective le passage progressif d’un cadre paternaliste à une configuration d’autant plus difficile à saisir qu’elle ne se résume pas à une inversion du modèle traditionnel de l’autorité médicale. D’emblée, l’auteur juge peu satisfaisante l’opposition entre un modèle paternaliste qui donne à voir le patient soumis à une autorité écrasante du médecin d’une part, et un modèle consumériste du malade-usager qui retournerait les prérogatives de la décision médicale d’autre part. La littérature sociologique sur les « nouveaux malades », la philosophie morale et l’éthique appliquée comme l’analyse du droit, montrent en effet que penser la relation médecin-malade sous le seul angle d’une asymétrie de pouvoir qui pourrait être renversée est une lecture inadéquate de la configuration contemporaine, notamment telle qu’elle est portée en France par le dispositif récent de la loi du 4 mars 2002