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Chapitre D'ouvrage Année : 2010

La taïga russe

Laurent Touchart
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 950528

Résumé

La forêt boréale est une forêt de conifères zonale, liée au climat continental et au podzol. Peu productive, elle constitue pourtant la plus grande réserve en bois de l’humanité, grâce à son immensité, à son âge et aux particularités des conifères. Sa partie russe, appelée taïga, s’étend sur près de 8 millions de km². Elle est à l’origine de la civilisation de ce pays, du moins sur sa marge européenne méridionale de forêt mixte. Sous une strate supérieure de résineux, pousse un sous-bois de feuillus à petites feuilles et de buissons. L’ensemble a une faible biomasse et, surtout, se renouvelle très lentement (productivité de 6t/ha/an en moyenne). Cependant, le bois de qualité qu’elle produit est utilisé depuis des siècles pour les constructions traditionnelles. Aujourd’hui, l’exploitation commerciale de la taïga doit tenir compte de la lenteur de sa régénération. Malgré certaines difficultés, comme la croissance des coupes illégales dans les années 1990, la taïga russe reste une forêt assez largement préservée. La biodiversité naturelle de la taïga russe est peu élevée. Chez les conifères, elle se réduit à quatre genres, le Pin, l’Epicéa, le Sapin et le Mélèze. Celui-ci, que les Russes nomment listvennitsa, forme de loin le plus gros volume de bois du pays. Chez les feuillus, le Bouleau et le Peuplier sont les principaux. Chaque essence est chargée d’une forte symbolique dans l’âme de ce peuple profondément forestier. Les animaux qui peuplent la taïga forment une chaîne dont la contrainte initiale est celle d’une faible production de matériaux durs et englués de résine, dominés par les aiguilles. La taïga est une formation en équilibre avec un climat continental aux saisons très contrastées. Après l’arrivée brutale de l’été, les incendies de forêt sont considérables, qui dévastent plus d’un million d’hectares par an. Les départs de feux, au nombre de 25 000 chaque année, sont en général d’origine anthropique, mais la sécheresse estivale est un élément important de leur propagation. En hiver, les végétaux de la taïga supportent des froids intenses. Les animaux ont aussi développé des adaptations, dont l’une d’entre elles, la fourrure, a permis le développement d’une économie importante, qui fut l’une des causes historiques de la conquête de la Sibérie. La forêt boréale pousse sur un sol pauvre et acide, dont l’horizon éluvial minéral (A2) ressemble à de la cendre, le podzol. La symbiose entre l’arbre et le champignon est l’une des clefs de contournement de la pauvreté du sol. Contrairement à la forêt boréale américaine, la taïga russe subit, dans sa partie sibérienne, la contrainte supplémentaire d’un sous-sol gelé en permanence, la vetchnaïa merzlota, qui provoque l’engorgement estival du sol situé au-dessus. La principale nouveauté apportée par l’auteur dans ce chapitre consiste à réfuter l’image d’homogénéité, ou de monotonie, de la taïga qui est propagée par la plupart des géographes français. Or la taïga russe dévoile, à petite échelle cartographique, de forts contrastes longitudinaux, opposant la taïga sempervirente à l’ouest de l’Iénisseï et la taïga décidue à l’est, ainsi que d’importants gradients latitudinaux faisant passer de la forêt clairsemée de la toundra boisée à la taïga septentrionale, puis moyenne, puis méridionale, pour aboutir enfin, au sud, à la forêt mixte de la subtaïga. La toundra boisée et la subtaïga sont longuement étudiées pour leur importance biogéographique en tant qu’écotones, ainsi que, dans le cas de la seconde, pour son importance humaine dans le développement de la Russie. La zonation de la taïga est perturbée, à moyenne échelle cartographique, par les vallées fluviales, qui donnent naissance à des taïgas-galeries, et par les massifs montagneux, qui isolent des îlots de taïga au-dessus du milieu steppique. A grande échelle cartographique, la taïga russe présente d’infinies nuances fondées sur les différentes facettes topographiques. En ce sens, la taïga est bien, en direction du nord, la dernière formation végétale arborée de la planète avant les milieux périglaciaires, une forêt se trouvant dans des conditions limites, où le moindre abri ou au contraire la moindre éminence prennent une importance démesurée. Cette diversité est accentuée par les différentes appropriations du territoire par les populations locales. L’auteur établit une nouvelle typologie fondée sur le croisement de ces critères.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03736102 , version 1 (22-07-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03736102 , version 1

Citer

Laurent Touchart. La taïga russe. Les milieux naturels de la Russie, une biogéographie de l’immensité, L'Harmattan, pp.115-265, 2010, 978-2-296-11992-5. ⟨hal-03736102⟩
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