A partir de 1940, plusieurs musiciens se regroupent sous une même appellation à l’instigation du Parti communiste pour créer et animer un groupe de musiciens résistants.Le Front National des Musiciens, animé par Elsa Barraine et Roger Desormière, publie un manifeste en septembre 1941 dans la revue de Jacques Decour (L’Université libre) : « Nous refusons de trahir ». A travers la publication de deux périodiques clandestins (Musiciens d’aujourd’hui puis Le musicien patriote), ce groupement de musiciens incite à interpréter l’interdit. Peu à peu, le groupe se développe, compte jusqu’à une trentaine de membres et crée sa propre revue en encourageant les musiciens à la résistance de différentes manières.Francis Poulenc, Jean Français, Georges Auric, Louis Durey, Elsa Barraine, Henri Dutilleux, Paul Arma, Henri Sauguet mais aussi Manuel Rosenthal, Charles Munch, Claude Delvincourt, Paul Paray…
Dans ce contexte de barbarie, ils sont nombreux à participer sous plusieurs formes à ce mouvement en jouant des œuvres interdites (Concerts de la Pléiade), en programmant ou en enregistrant la musique française (Roger Desormière enregistre en 1941 "Pelléas et Mélisande" de Debussy), en citant des fragments d’œuvres patriotiques dans leurs œuvres (Poulenc : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine » dans les "Animaux modèles" ou Auric : « La Marseillaise » dans "La Rose et le Réséda"), en aidant des musiciens juifs (Paul Paray en intégrant des musiciens juifs dans son orchestre à Monte-Carlo, Georges Désormière en publiant sous son nom la musique de Jean Wiéner) ou en créant des œuvres musicales appelant à la lutte ("Avis" d’Elsa Barraine, "A la jeunesse" de Paul Arma).
Musiciens résistants, comment ont-ils lutté pendant le Seconde Guerre mondiale en soutenant à leur manière et via un patriotisme musical, l’art qui était le leur et les artistes qui les entouraient ? Métaphores musicales, actes militants, soutient direct ou indirect, comment résister pour la liberté ?