La vallée de la Biaysse est située sur la commune de Freissinières, dans la haute vallée de la Durance. Elle appartient au secteur de l’Argentiérois-Vallouise du Parc national des Ecrins. Il est étudié depuis la fin des années 1990 par une équipe interdisciplinaire des laboratoires du CNRS, d’Aix Marseille Université, de l’Université Savoie-Mont Blanc, de l’Université Rovira i Virgili à Tarragone (Espagne) et du Département d’archéologie de l’Université de York (Royaume-Uni). À la suite d’études archéologiques, bioarchéologiques et paléoenvironnementales menées dans le cadre de programmes de recherche internationaux, il a été démontré que cet espace est occupé sur la très longue durée depuis la Préhistoire récente. L’occupation médiévale se matérialise par de nombreuses structures d’habitat de typologie variée et par l’exploitation de plusieurs petits gîtes polymétalliques. Les secteurs d’exploitation agropastorale et minière se superposent sur les alpages ce qui crée un problème d’interprétation des structures à l’échelle de la prospection. Si les grands enclos pastoraux sont facilement reconnaissables par leur morphologie, ce n’est pas le cas des structures plus petites, souvent définies comme des unités d’habitation temporaire. En effet, ces structures, dénommées « cabanes » dans la littérature scientifique, peuvent avoir été occupées voire réoccupées pour différents usages. Les sources écrites, rares avant le XVIIe siècle, n'apporte pas beaucoup d'indices sur l'utilisation de ces structures. Ainsi, pour pallier ce problème d’identification de la fonction des bâtiments, les auteurs de cette communication proposent de développer une nouvelle méthode d’étude des sites ruraux d’altitude couplant archéologie et géochimie des sols. Cette expérimentation est menée dans le cadre de deux thèses de doctorat. Les analyses géochimiques des sols sont ici considérées comme un moyen de définir la fonction des sites autrement que par leur aspect morphologique. Au cours de l’été 2020, une prospection archéologique et géochimique a été menée sur deux sites distants de 2 kilomètres : le Pré Gauthier, implanté à 1770 mètres d’altitude et Chichin I, à 2078 mètres d’altitude. Cette opération avait pour but de documenter le bâti des différentes structures qui composent ces sites, de définir des zones d’activités et de les spatialiser. Au cours de l’été 2021, les deux sites ont été sondés. Ce sont ces premiers résultats qui seront communiqués. Ils seront mis en perspective avec les données paléoenvironnementales et archivistiques disponibles, l'objectif de cette étude étant d’obtenir une lecture fine de l’occupation de la haute-vallée de la Biaysse au cours du Moyen Âge et de la première modernité.