Au cours des années 2000-2010, les anciens services de médecine du travail s’ouvrent à de nouveaux préventeurs pluridisciplinaires (hygiénistes, ergonomes, psychologues et infirmières) dont les recrutements et les pratiques sont cadrés par de nouveaux dispositifs de gestion promus par les directions de services. Si les médecins sont initialement réticents à la perte de leur monopole professionnel, la division du travail s’instaure finalement, justifiée différemment selon les segments médicaux. Les médecins qui exercent selon une logique « gestionnaire » délèguent davantage de tâches aux intervenants en prévention des risques qui interviennent en entreprises, tandis que ceux qui sont mus par une logique « professionnelle » se rapprochent des infirmières qui exercent comme eux une activité clinique. Surchargés de travail à mesure que leurs effectifs diminuent, les médecins se concentrent sur les tâches les plus valorisées, à savoir l’établissement du diagnostic, et en viennent à perdre le suivi régulier des salariés et la connaissance des situations internes des entreprises. Ils sont alors obligés de coopérer avec leurs nouveaux collègues pour avoir accès à ces connaissances.