L’observatoire de population de Mlomp fait l’objet d’un suivi démographique et sanitaire continu depuis 1985. Le site comprend 11 quartiers répartis sur les deux anciens villages de Mlomp et Kajinool situés dans la région de Ziguinchor au Sud-Ouest du Sénégal. Le recueil annuel des informations démographiques a permis de mesurer les évolutions et tendances démographiques dans la population étudiée depuis le recensement initial de 1985. La zone d’étude compte 8 631 personnes au 1er janvier 2021, principalement d’ethnie diola, soit un gain d’environ 2 500 habitants depuis le début du suivi. La croissance continue de la population ne présente pas de fluctuation importante sauf entre 2000 et 2002, période au cours de laquelle la zone a gagné plus de 500 habitants par an en raison de mobilités cérémonielles. Malgré une augmentation globale de la population, le rythme de croissance démographique diminue au cours des dernières années. La croissance naturelle est faible et les mouvements migratoires n’ont pas d’effets significatifs sur la dynamique de population. La part des jeunes de moins de 15 ans ne cesse de diminuer : ils représentent un habitant sur trois en 2020 contre 40 % en 1985. A l’inverse, le poids de la population active a progressé au fil des ans. Ces évolutions témoignent du recul continu de la fécondité sur l’ensemble de la période d’étude. Les femmes résidentes ont en moyenne 3 enfants en 2020 contre plus de 6 en 1985. La fécondité recule à tous les âges, mais surtout pour les classes d’âges situées entre 30 et 39 ans. Le recul de l’âge au mariage est un des facteurs explicatifs de cette baisse de la fécondité. Ce recul entraine une augmentation de la part de naissances hors mariage. Par ailleurs, l’âge moyen à la maternité reste relativement stable au cours de la période. L’évolution de la structure par âge résulte également d’une baisse de la mortalité visible à partir des années 2000. Elle se traduit par une hausse de l’espérance de vie à la naissance tant chez les femmes que chez les hommes, passant d’environ 60 ans entre 1985 et 2000 à 73 ans en 2020. L’espérance de vie des femmes est plus élevée que celles des hommes, mais l’écart s’est réduit sur la période récente entre 2013 et 2018. Cette hausse de l’espérance de vie est due à une forte baisse de la mortalité infantile et juvénile. La mortalité des jeunes garçons reste plus élevée que celle des filles malgré des années spécifiques durant lesquelles la tendance s’est inversée. Cette surmortalité masculine est également visible aux âges adultes sur l’ensemble de la période. L’évolution de la structure par âge et sexe de la population présente des similitudes au sein des 11 quartiers de la zone d’étude, avec une progression généralisée de la proportion de personnes âgées de 15 à 59 ans sur la période de suivi. Malgré un accroissement démographique global, les 11 quartiers ont connu un recul continu du rythme de leur croissance démographique au cours de la période d’étude. Mais la dynamique de population par période présente des disparités selon les quartiers. Sur la période allant de 1985 à 2004, Kajifolong, Seege et Ebankiin ont connu les plus fortes augmentations de population. A l’inverse, certains quartiers connaissent des périodes de décroissance à partir de 2005 : Kanjanka et Seege entre 2005 et 2014, Haer et Etebemai à partir de 2015. Le fort excédent migratoire observé au cours de la période 2000-2003 se concentre essentiellement dans les quartiers de Jibeten et Kajifolong (effet artificiel dû à la cérémonie du bukut où toutes les personnes venues à l’hivernage ont été enregistrées).