Note de lecture sur Sylvie Bermann, Goodbye britannia. Le Royaume-Uni au défi dü Brexit. Paris, Stock, 2021. ISBN 9782234084490. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Autre Publication Scientifique Année : 2022

Rezension: Sylvie Bermann, Goodbye britannia. Le Royaume-Uni au défi dü Brexit. Paris, Stock, 2021. ISBN 9782234084490.

Review: Sylvie Bermann, Goodbye britannia. Le Royaume-Uni au défi dü Brexit. Paris, Stock, 2021.

Note de lecture sur Sylvie Bermann, Goodbye britannia. Le Royaume-Uni au défi dü Brexit. Paris, Stock, 2021. ISBN 9782234084490.

Résumé

Le livre-bilan de l'ambassadrice de France au Royaume-Uni (2014-17) au moment du Brexit. Il survole de manière bien informée et intéressante l'évolution qui conduisit au Brexit et les années qui suivirent, sur la base d'une culture historique et artistique certaine et d'une bonne connaissance du monde politique anglais. Il ne s'agit pas, on le comprendra, d'une étude « scientifique », politique, sociologique ou économique, mais de la description détaillée d'un processus qui a conduit au référendum de 2015 et à l'avènement de Boris Johnson. Peu de répétitions et beaucoup de détails bien choisis et révélateurs. Le livre se compose de sept chapitres, plutôt chronologiques : le Royaume-Uni en 2014, l'exceptionnalisme britannique, son « doux ennemi » (la France), la propagande du Brexit, les responsables du Brexit, Theresa May et Boris Johnson au pouvoir et les perspectives qui se présentaient en 2021, avant la guerre de Poutine en Ukraine et juste après l'élection de Joe Biden aux États-Unis. Londres en 2014 est une ville brillante à de nombreux points de vue, mais les observateurs bien informés sentent monter l'insatisfaction de provinces délaissées et susceptibles de céder à une propagande populiste (ch. 1). D'autant plus susceptibles que l'Angleterre cultive un sentiment de supériorité militaire, politique, linguistique et culturelle sur l'Europe continentale qui permet aux manipulations nationalistes de réussir, en faisant accroire que le pays se suffit à lui-même et qu'il a été capable de vaincre à lui seul Napoléon et Hitler (ch. 2). La France et le français, pourtant aimés par l'élite et sans doute par la monarchie, ne sont pas ménagés par cette propagande (ch. 3), qui parvient à faire passer l'idée que l'Union européenne veut l'adhésion de la Turquie et l'invasion turque du Royaume-Uni et que les Polonais obligés de rentrer chez eux feront la prospérité des Indiens et des Pakistanais qui resteront (ch. 4). Les responsables du résultat du référendum sont d'abord David Cameron, dont la campagne référendaire fut mauvaise, puis les démagogues Nigel Farage et Boris Johnson, le dogmatique Jeremy Corbyn, et les « tabloïds », quotidiens populaires qui visent bas (ch. 5). Le courage de Theresa May, mettant en oeuvre une politique qu'elle n'a pas voulue, ne suffit pas à empêcher l'ascension de Boris Johnson que confirment les élections du 12 décembre 2019 (ch. 6). À l'évidence les « Brexiters » ne pourront tenir leurs folles promesses, la pandémie du Covid leur offre toutefois la possibilité de trouver d'autres « coupables » d'un échec tout à fait prévisible (ch. 7). Une remarque de l'auteur de cette note : il sera difficile toutefois d'accuser la Covid d'être responsable des longues heures perdues par les Britanniques dans les queues aux frontières, comme le dit The Guardian du 7 juin 2022 : « Comment convaincre un partisan du Brexit que le Brexit était une mauvaise idée ? Faites-lui faire la queue ». L'assez longue introduction insiste sur la « stupeur » causée par le résultat du référendum, l'épilogue plus court sur la vague populiste dans les démocraties et l'incertitude actuelle. Peut-être une coquille, « Rule Britannia », l'hymne qui célèbre la domination britannique des océans, est de 1740, non de 1940 (p. 83), le Royaume-Uni étant d'ailleurs un pays qui se dote avant les autres de l'appareil musical d'un État-nation ambitieux, pour ne pas dire : impérialiste. Une lecture à recommander en tant que contribution à l'histoire du Brexit, à partir du point de vue assumé d'une diplomate curieuse, stationnée à Londres, au coeur de l'Angleterre, et qui a bien connu la Chine où elle a été en poste (2011-2014) avant. Une Chine qui est ici présentée de manière peut-être un peu trop favorable, même si Sylvie Bermann ne se fait aucune illusion sur la nature du régime. L'idée d'un « triangle » USA-UE-Chine (qui laisse donc de côté le Royaume-Uni et la Russie) n'est pas au centre de l'actualité, mais sur le plan de la puissance économique, et, pour l'UE, on l'espère, politique et militaire, elle est justifiée.
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Dates et versions

hal-03691616 , version 1 (09-06-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03691616 , version 1

Citer

François Genton. Note de lecture sur Sylvie Bermann, Goodbye britannia. Le Royaume-Uni au défi dü Brexit. Paris, Stock, 2021. ISBN 9782234084490.. Université Populaire Européenne de Grenoble, 2022. ⟨hal-03691616⟩
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