La tuberculose, d´écrite comme ” la grande tueuse ” par Mirko Grmek, est identifiée en Europe occidentale depuis le Néolithique. Elle est marquée par une histoire naturelle de forte morbidité dont l’évolution terminale est fréquemment le décès. Ainsi son impact social est majeur. Or sa diffusion au sein des populations protohistoriques est mal connue. Notre objectif a ´été de mesurer la fréquence et le type de ces lésions de manière à évaluer la prévalence au sein de ces populations. Notre travail se base sur l’étude de vingt sites archéologiques, datés du Hallstatt final à La Tène finale, ayant mis au jour des restes humains individualisables (neuf nécropoles et onze structures de stockage contenant des individus complets), au sein de la zone médioatlantique (Île-de-France et Normandie). Nous comptabilisons les formes dites classiques : la tuberculose vertébrale (Mal de Pott), les tumeurs blanches articulaires, les spina ventosa, les atteintes lytiques des côtes, les lésions lytiques du crâne, et les calcifications pulmonaires. La littérature paléopathologique rapporte des formes dites probables. Nous avons fait le choix de retenir : les altérations costales (appositions périostées), les altérations vertébrales superficielles dites de Ménard, les lésions serpigineuses endocrâniennes, l’ostéoarthropathie hypertrophiante. 368 individus ont été inclus (42 % matures), dont 4,5 % présentant une lésion osseuse évocatrice de la tuberculose, soit 17 individus (IC95 % : 3 – 7,5 %). Les formes dites typiques ne représentent que 20 %, les formes probables 80 %. Trois quarts de l’échantillon pathologique est constitué d’immatures. Nous comptabilisons 11 lésions serpigineuses endocrâniennes, 2 abcès de vertèbres, 2 formes dites d’ostéoarthropathie hypertrophiante, une tumeur blanche de hanche, une forme dite vertébrale superficielle, et une forme d’appositions endo-costales. Nous observons une différence de prévalence entre les nécropoles avec 3 %, en comparaison avec les structures de stockage avec 20 % (p< 0.001). La prévalence en Île-de-France est de 6 % contre 2 % en Normandie, principalement expliquée par le plus grand nombre d’individus en silos dans cette région (NS). Nous observons une prévalence élevée de lésions évocatrices de tuberculose. Les formes typiques restent malgré tout exceptionnelles. Le corpus étant principalement représenté par des formes dites probables, dont la performance diagnostic est moindre. Ces résultats montrent une diffusion endémique de la maladie tout au long du second Âge du Fer en Gaule septentrionale. Nous soulignons une fois de plus une surreprésentation en contexte de stockage, principalement des silos, pouvant indiquer les conséquences ou représentations sociales que cette pathologie peut générer.