Le récit littéraire, comme le « scénario » d’hominisation ou le discours de l’histoire de l’art, s’écrivent traditionnellement selon un modèle où le début oriente la fin. Mais les œuvres préhistoriques immémoriales qui ont ressurgi à contretemps ont rendu le temps moins linéaire qu’on ne le croyait. Pour les écrivains d’aujourd’hui, il ne s’agit plus tant de représenter la préhistoire comme dans les « romans des âges farouches » de Rosny Aîné que de figurer un autre rapport à la temporalité, fidèle à la manière dont l’art paléolithique nous touche, fidèle à sa paradoxale modernité. Quelles ressources poétiques mobiliser aujourd’hui pour évoquer le plus-que-passé qui nous questionne sans raconter naïvement ce qu’on ignore ? Telle est la question examinée ici, à travers trois exemples littéraires contemporains.