Durant l’année universitaire 2020-2021, le monde académique a dû adapter ses pratiques aux injonctions du distanciel pour faire face à la crise de la COVID19. En France, nous avons vécu une rentrée en présentiel masqué, avant de devoir fermer nos salles de classe, puis en ré-ouvrir certaines pour les " étudiants en difficulté ". Tous les enseignants ont rapidement adopté les outils numériques, unique espace de contact avec les apprenants (Mercier, 2020), accompagnés par des services d’appui à distance ou de proximité. De nombreux projets ont été financés soit pour équiper et aider les étudiants (volet plus social), soit pour former des enseignants (volet plus pédagogique), et plusieurs recherches ont tenté d’analyser l’impact de ces différentes évolutions l’année dernière (Mercier et Lefer Sauvage, 2021 & Salam, 2021). Après cette année compliquée, une nouvelle injonction ministérielle a invité les universités à " maintenir autant que possible les enseignements en présentiel " (Le plan #marentrée2021, MESRI) à partir de septembre 2021-2022 tout en nous encourageant à continuer à " creuser le sillon de l’innovation et de la transformation pédagogiques " (Conclusions du groupe de travail #marentrée2021, MESRI). Ces injonctions ont été accueillis assez favorablement par la communauté universitaire et des actions d’ouverture ont été promulgué pour réussir cet objectif de " 100% présentiel " (op.cit.). Si l’ensemble des cours ont repris en présentiel dans nos universités, il semble difficile d’imaginer que les enseignants aient oublié ou mis de côté complétement les pratiques développées. Dans cette communication, nous souhaitons explorer " ce qui reste " en analysant l’effet de ces différentes politiques, qu’elles soient issues du ministère ou propres à chaque université ou tout simplement celles des équipes pédagogiques, sur la pédagogie universitaire numérique (Lameul & Loisy, 2014). Plus précisément, nous cherchons à identifier si cette marche, contrainte ou forcée, d’innovation, a permis aux enseignants de développer des pratiques nouvelles et/ou durables. Autrement dit, est ce que certaines pratiques instrumentées par le numérique, qui s’est trouvé être l’unique moyen de transmettre et de former, ont eu un impact et si ce dernier est toujours présent, ou ce retour en présentiel a totalement éclipsé les pratiques instrumentées nées en période de pandémie ? Pour répondre à cette problématique, nous adopterons une démarche exploratoire, en triangulation des données, à la fois quantitative et qualitative. Nous commencerons par analyser les injonctions dans nos deux universités (Nantes et Le Mans) pour réaliser un questionnaire des usages du numérique en pédagogie universitaire. Ce dernier sera soumis à l’ensemble des enseignants que nous avons accompagnés durant la période de fermeture et aujourd’hui. Enfin, nous réaliserons une série d’entretien semi-directif avec un échantillon d’enseignants en distinguant ceux qui utilisaient le numérique avant la crise et ceux qui l’ont utilisé uniquement durant la crise. Une fois ces données récoltées et analysées, nous pourrons proposer des pistes pour une meilleure durabilité des pratiques.