« Chrétiens barbares dans Apostat et La Dernière prophétie. Quels modes narratifs pour faire (re)vivre l’histoire ? »
Résumé
The article studies the reconstitution of history in Gilles Chaillet’s La Dernière Prophétie (Glénat,
2002-2012) and Ken Broeders’ Apostat (BD Must 2012-2018), two series about the difficult transition
from Paganism to Christianism. They give the feeling of novelty by showing historical periods which
are not very well known and from a rather unusual point of view – sometimes coming from
contested sources –, pretty hostile to Christianism. La Dernière prophétie also offers the interest of a
historical inquiry, trying to understand the past and its mechanisms. As for Ken Broeders, the
graphics and colors he uses give the impression of a resurrection of a violent and puzzling past, as it
was lived on the instant. But what makes history so interesting, and not only grabbing, in these two
series, is that it remains deeply mysterious: it’s hard to make up one’s mind about Julien the
Apostate and Christianism, as well as it is to find one’s way in the multiple layers of the story of La
Dernière prophétie.
L’article étudie les procédés de reconstitution historique dans La Dernière Prophétie de Gilles Chaillet
(Glénat, 2002-2012) et Apostat de Ken Broeders (BD Must 2012-2018), deux séries consacrées à la
transition difficile entre paganisme et christianisme. La mise en scène de périodes assez peu
connues, selon des sources contestées et un point de vue hétérodoxe, assez hostile au christianisme,
nous immerge d’emblée dans un univers relativement inédit. La Dernière prophétie offre en outre
l’intérêt d’une enquête dans les strates et les mécanismes de l’histoire tandis que le graphisme et
surtout la couleur de Ken Broeders donnent un sentiment de résurrection des événements passés
dans leur crudité et leur immédiateté d’alors. Mais à l’opposé d’un sentiment d’évidence,
l’incertitude pesant sur la figure de Julien l’Apostat comme sur le christianisme et la multiplicité des
niveaux de lecture induite par les mises en abyme de Chaillet achèvent de dynamiser l’histoire en en
rendant la compréhension profondément problématique.