Notre cerveau est-il manipulé par les plateformes numériques ? La question est assurément rhétorique. Grâce notamment aux neurosciences et à la sociologie, on sait désormais avec certitude que les plateformes numériques ont construit des outils surpuissants (tels que les nudges ou les systèmes algorithmiques de récompense aléatoire) pour capter notre attention et notre temps de cerveau disponible. Aussi assistons-nous au XXIe siècle à une guerre féroce pour notre cerveau, et ce, à des fins économiques et commerciales. Or ces manipulations cognitives ne sont pas sans risque pour l’être humain. L’usage excessif du numérique a donné naissance à de nouvelles pathologies et a provoqué une hypertrophie de maladies anciennes. Quant à notre démocratie, elle aussi en sort affectée. La propagation de fake news par exemple produit des effets extrêmement délétères sur notre « cerveau politique ». Face à ces dangers, le Droit a-t-il réagi ? Est-il allé assez loin pour imposer aux plateformes numériques des règles tendant à protéger notre cerveau ? Le résultat est à vrai dire contrasté. Quoique le Droit ait réagi, il se révèle encore impuissant pour discipliner les plateformes numériques. Ces dernières doivent aujourd’hui être appréhendées comme des pouvoirs privés économiques qu’il faut mieux maîtriser.