Voie du corps et voix de femmes : du singulier à l'universel dans la danse de Martha Graham
Résumé
À partir de la fin des années 1920, Martha Graham invente une danse qui bouleverse les schémas de la danse et des corps féminins, et marquera toute l'histoire de la danse. Elle se voulait plus danseuse que chorégraphe, et sa danse n'est pas dissociable d'une exploration et d'une invention de soi. Toutefois, elle dépasse largement la dimension individuelle pour atteindre une dimension universelle, en poursuivant sa quête dans une constante dialectique du singulier au collectif.
Pour Martha Graham, « le corps ne ment pas ». Sa danse se constitue par la quête d'un (et au travers d'un) corps singulier, corps de sexe féminin réapproprié, qui refuse les codes de la féminité imposés par l'ordre dominant.
« Tout ce que je fais existe en chaque femme. Chaque femme est Médée. Chaque femme est Jocaste ». La danse de Martha Graham voulait explorer « les paysages de l'âme ». Elle poursuit sa quête d'elle-même au travers d'une relecture des grands mythes, où les femmes deviennent porteuses des archétypes universels. Non seulement Martha Graham, mais chaque femme, et chaque être humain, deviennent Médée, Jocaste, Ariane ou Clytemnestre. Ce faisant, elle subvertit l'ordre mythique en opérant une universalisation à partir du féminin.
Martha Graham s'invente et invente une danse en « filliation » avec d'autres artistes, Emily Dickinson, Emily Brontë, prêtant un corps à l'une et à l'autre pour créer des chorégraphies qui ne sont ni des biographies, ni des autobiographies, mais des recompositions de portraits croisés.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)