En quoi la vulnérabilité des demandeurs d’asile serait-elle mieux décrite par l’attente que par la hâte ?
Résumé
Depuis une dizaine d’années, il est devenu classique d’aborder la temporalité des migrants en quête d’une régularité administrative en termes d’attente. Comme le décrivent de nombreux auteurs, le traitement des demandes d’admission au séjour est caractérisé par le fait que les personnes en migration se retrouvent dépossédées de leurs temporalités propres (Aulanier, 2021 ; Felder, 2016 ; Fogel, 2019 ; Griffiths, 2014 ; Kobelinsky, 2010 ; Le Courant, 2015 ; Overney et Laé, 2021). Elles sont installées dans un présent qui se prolonge et un avenir maintenu dans l’incertitude et le provisoire. Toutefois, si les chercheurs font de l’attente l’objet d’un travail d’analyse et d’observation tendant à devenir systématique, ils ne semblent pas prendre la mesure d’un second aspect de cette figure du migrant vulnérable : son entrée dans des délais contraints. Le temps ne fait pas que « se dilater », et il peut aussi
devenir compact. En partant des premiers résultats d’une recherche doctorale, nous proposons dans ce chapitre un complément à ces études concernant l’aspect temporel de l’admission au séjour des étrangers en France.