Cet ouvrage constitue les actes d'une journée d'études organisée à Hay-on-Wye (Pays de Galles) par K. Szpakowska, A. B. Lloyd et A. Powell sur la magie, la divination et le rêve. Étant moi-même intéressée par ces trois domaines pour la zone proche-orientale (Anatolie-Syrie-Mésopotamie), c'est surtout dans une perspective comparatiste que j'examinerai ces différents articles. J. Baines (« Display of Magic in Old Kingdom Egypt », p. 1-32) définit la magie comme une force cosmique (« basic cosmic force ») qui existe aussi bien parmi les dieux et que parmi les hommes, bien qu'elle soit plus aisément accessible aux premiers. D'après ces quelques informations préliminaires, il semble que la magie égyptienne se démarque fortement de celle de l'Anatolie hittite, par exemple. En effet, lorsqu'on examine en détails les rituels dits « magiques » retranscrits par les tablettes cunéiformes hittite, on n'observe en aucun cas l'existence d'une éventuelle « force cosmique » que les hommes seraient à même de manipuler dans certaines circonstances. Les événements magiques qui se produisent dans les textes hittites semblent au contraire toujours résulter de l'action des divinités et le rôle des hommes est relégué à celui d'intercesseurs. J. Baines s'intéresse par la suite aux objets de l'Égypte de l'Ancien Empire que l'on peut considérer comme magiques. Parmi ces objets, les amulettes sont bien entendu citées, qui se retrouvent dans les sépultures. Leurs types sont cependant moins variés que dans les époques ultérieures. Les représentations figurées présentes sur les murs des tombes de l'Ancien Empire attestent l'existence d'autres catégories d'amulettes dont certaines devaient être en matériaux périssables. M. Centrone (« Corn-Mummies, Amulets of Life », p. 33-45) étudie l'utilisation rituelle des « corn-mummies », des objets consistant en paquets momiformes remplis de grain, de terre et de paille enfermés dans des couffins à tête de faucon. Le paquet, qui imite en miniature le corps humain, est surmonté d'un masque de cire aux attributs du dieu Osiris. D'après M. Centrone, ces pseudo-momies ne sont pas à mettre en relation directe avec la Fête Khoiak célébrant la renaissance d'Osiris et de la végétation, comme cela a été suggéré par d'autres savants, mais plutôt avec une cérémonie apparentée. Carolyn Graves-Brown (« Emergent Flints », p. 47-62) s'interroge sur le sens que les habitants du village du Nouvel Empire Deir el-Medineh donnaient à des nodules de silex que l'on a retrouvés en plusieurs points du site. D'après l'auteur, ces nodules relèvent de la croyance égyptienne en l'existence d'un caractère féminin et sacré des montagnes thébaines. L. H. Lesko (« The End is Near », p. 63-70) analyse deux compositions religieuses, à savoir le sort 1130 des Textes des Couffins et le chapitre 175 du Livre des Morts. Il s'intéresse plus précisément à leur éventuelle parenté. A. B. Lloyd (« Heka, Dreams, and Prophecy in Ancient Egyptian Stories », p. 71-94) donne des illustrations littéraires de la pratique égyptienne appelée heka. Cette pratique est souvent traduite par « magie », car elle consiste à bouleverser l'ordre des choses par le biais des mots et de gestes. L'auteur associe la pratique heka aux prophécies et aux actes de clairvoyance qui sont décrits dans certains récits. Ces témoignages littéraires relèveraient, selon A. B. Lloyd, de deux facteurs : 1) les anciens Égyptiens croyaient en l'existence de tels « miracles » comme faisant partie de l'ordre des choses ; 2) ils étaient friands de récits relatant de tels événements merveilleux. Par ailleurs, l'auteur remarque que les récits de songes deviennent de plus en plus fréquents au fur et à mesure du temps, ce qui fait écho à la prolifération tardive de la pratique de l'incubation en Égypte. S. B.