À partir de l’étude des vestiges archéologiques du sud de l’agora d’Iasos en Carie, ainsi que des inscriptions relatives à cet espace, cet article propose une analyse de l’évolution de la forme, des fonctions et des usages des différents édifices qui structurèrent progressivement ce secteur de la ville au cours du long IIIe siècle a.C. Deux secteurs doivent être différenciés : un complexe cultuel à l’est et un complexe politique à l’ouest. On s’est notamment interrogé sur les liens qui les unissaient et donnaient à cet espace une certaine cohérence. Il semblerait que dès les premières années du long IIIe siècle a.C., les Iasiens se dotèrent d’édifices dédiés aux activités politiques, qu’ils choisirent d’installer à proximité immédiate du grand sanctuaire de l’agora, dont l’importance de la divinité et son attachement à la sphère civique ne font aucun doute. Ainsi, les Iasiens semblent avoir manifesté une volonté de regroupement fonctionnel de certains lieux fréquentés par les citoyens dans le cadre de leur participation à la fois aux institutions et aux cultes civiques. Le sud de l’agora héberge en effet les deux domaines d’activités au cœur de la définition pratique de la citoyenneté. Le fort caractère symbolique de cet espace se perçoit dans l’usage qui en était fait puisqu’il devient un des hauts lieux de l’affichage public iasien.