Temporary urbanism, a tool for heritage enhancement and storytelling upstream of the urban project? The example of SNCF Immobilier and its railway sites in Paris
L’urbanisme transitoire, outil de patrimonialisation et de mise en scène en amont du projet urbain ? L’exemple de SNCF Immobilier et de ses emprises ferroviaires à Paris
Résumé
Since 2015, the French National Railway Company (SNCF) has been developing temporary urban projects on some of its sites that are undergoing urban transformation, in a context of growing interest for the concept of “transient urbanism” among urban professionals in France. These temporary occupations, developed on sites destined to host an urban project in the near future, are a strategic challenge for SNCF Immobilier, the operator in charge of managing and developing the SNCF's vast real estate assets.
The objective of this contribution is to demonstrate the role of temporary urbanism in the process of patrimonialization of SNCF’s land. While these sites are intrinsically linked to the history of the company and its workers, the railwaymen, temporary urbanism is becoming a tool for “SNCF Immobilier” to enhance the memory of these sites and to accompany their transformation within the railway group. More broadly, these temporary projects are accompanying an awareness within SNCF Immobilier of the heritage value of these railway sites, which until now have been little valued within group, influencing the shape of the final urban project. Temporary urbanism is mobilised more widely as a means of staging the transformation of the site and the future urban project, in a context of increasing use of storytelling in urban development.
This article is the result of three and a half years of ethnographic research, carried out in immersion within SNCF Immobilier as part of a Cifre programme. The field of study is focused on the Ile-de-France region and focuses in particular on the Grand Train project, carried out in 2016 in the Chapelle railway depot, which constitutes the main theme of this demonstration. This methodological framework allows us to analyse, from behind the scenes of the SNCF, the use of temporary urbanism as an institutional tool for the enhancement of the identity, symbolism and memory of its railways, in support of strategic and operational issues.
Depuis 2015, la SNCF accueille sur certaines de ses emprises en mutation des projets d’urbanisme transitoire, dans un contexte d’engouement croissant des professionnels de la ville pour cette notion. Ces occupations temporaires, développées sur des sites destinés à accueillir prochainement un projet urbain, sont le support d’enjeux stratégiques pour SNCF Immobilier, opérateur en charge de la gestion et de la valorisation du vaste patrimoine immobilier de la SNCF.
L’objectif de cette contribution est de démontrer le rôle de l’urbanisme transitoire dans le processus de patrimonialisation des terrains de la SNCF. Alors que ces emprises sont intrinsèquement liées à l’histoire de l’entreprise et de ses travailleurs, les cheminots, l’urbanisme transitoire devient pour SNCF Immobilier un outil de mise en valeur de la mémoire de ces sites et d’accompagnement de leur transformation au sein du groupe ferroviaire. Ces projets temporaires accompagnent plus largement, au sein de SNCF Immobilier, une prise de conscience de la valeur patrimoniale de ces emprises ferroviaires, jusque-là peu valorisées au sein du groupe SNCF, allant jusqu’à influencer la forme du projet urbain final. L’urbanisme transitoire est mobilisé plus largement comme un moyen de mettre en scène la mutation du site et le futur projet urbain, dans un contexte d’une utilisation croissante du storytelling dans le développement urbain. Nous pointerons néanmoins les limites du rôle de l’urbanisme transitoire dans ce processus de patrimonialisation, révélant le rapport ambigu encore entretenu par la SNCF à son patrimoine.
Cet article est issu d’une recherche ethnographique de trois ans et demi, réalisée en immersion au sein de SNCF Immobilier dans le cadre d’un dispositif Cifre. Le terrain d’étude se concentre sur le territoire francilien et porte notamment sur le projet de Grand Train, mené en 2016 au sein du dépôt de la Chapelle, constituant le fil rouge de cette démonstration. Ce cadre méthodologique permet d’analyser, depuis les coulisses de la SNCF, l’utilisation faite de l’urbanisme transitoire comme outil institutionnel de valorisation identitaire, symbolique et mémoriel de ses emprises ferroviaires, en soutien à des enjeux stratégiques et opérationnels.
