Projeter en maquette : les gestes et la matière comme arkhè - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2020

Project as a model: gestures and matter as arkhè

Projeter en maquette : les gestes et la matière comme arkhè

Résumé

Dans les années 1990, la conscientisation de la finitude de la Terre et l’innervation du monde par le numérique ont notamment entrainé une reconsidération de la matière. Depuis, les théoriciens de l’architecture ont montré l’émergence de nouvelles stratégies projectuelles non-compositionnelles (Besson, 2009 ;Lucan, 2009). Or, à cette époque, les architectes amorçaient une production grandissante de maquettes physiques, pour projeter comme pour montrer le processus de conception. Désormais, nombreux conçoivent essentiellement, voire directement, en volume. Si l’abstraction de la géométrie et la typologie réglaient le plan, qu’en est-il en maquette ? Idea materialis, entre pensée et faire (Oechslin, 2015), quelle influence a-t-elle sur la conception ? Les écrits sur la maquette convoquent régulièrement sa définition inaugurale en ouverture du livre II Matériaux du De re aedificatoria (Alberti, 1485). Quel rapport entre modulis et materia (dans le texte) ? La matière serait-elle la règle du modèle, celle du projet sur la forme et l’espace ? En décrivant les pratiques des artistes renaissants, le De Statua (Alberti, 1464) décrit les opérations manuelles de transformation de la matière : modeler-additionner, sculpter-soustraire, mouler-multiplier. Gestes du faire (Guérin, 1995), archaïques et universels (Clévenot, 2011), ré-explorés par les avant-gardes et à nouveau aujourd’hui. Si ces opérations élémentaires valent pour fabriquer objet, sculpture ou maquette, pour faire projet d’architecture, elles doivent être complétées par une autre, intellectuelle, de transposition du matériau, diviser (comme les planchettes de la maquette albertienne, abstraction du mur en moellons issus de l’extraction de la pierre), composé de trois types : diviser-empiler pour les modules, diviser-équilibrer pour les éléments linéaires, diviser-plier pour les éléments surfaciques. En se combinant, ces opérations sont analogiques à la constitution même du rapport espace/forme. Elles interrogent, de fait, la notion d’assemblage, donc celle d’unité (trilithe, monolithe). Si la fin du XXe siècle présente un épuisement de la composition architecturale en plan, l’article montre que son équivalent en volume, l’addition de parties par empilement ou équilibre (Piano) a été renouvelée par une conception en maquettes basée sur la perception et l’expérience (Zumthor). Se sont aussi développées des manières de concevoir issues d’opérations élémentaires de soustraction (Koolhaas), moulage (Aires Mateus) et pliage (UNStudio), produisant une forme résultant de manipulations. Ainsi, l’itérativité du projet par addition cède souvent au processus, où le geste repousse l’emprise séculaire de la vision (Eisenman, 1992), geste composé de mémoire et de projet (Guérin, 1995), entre permanences et résurgences, malgré ou à cause des changements de paradigmes.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03602894 , version 1 (19-03-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03602894 , version 1

Citer

Christel Marchiaro. Projeter en maquette : les gestes et la matière comme arkhè. Stéphane Bonzani dir. L'archaïque et ses possibles - Architecture et philosophie, Métis presse, p. 95-106, 2020, 978-2-940563-77-7. ⟨hal-03602894⟩
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