Pluralité indéfinie et individuation de la référence : les quantifieurs finnois moni et monta « plusieurs »
Résumé
Cet article se propose de revisiter la question de l’opposition entre le nominatif et le partitif en position sujet en finnois. L’étude part de l’idée que le sens des expressions nominales se construit à partir d’un radical qui indique une propriété notionnelle théorique et incorporelle. Les
formes nominative et partitive constituent deux façons différentes d’établir une occurrence situationnelle d’une propriété. Le nominatif a la capacité de discrétiser une occurrence indépendamment de la relation où elle est impliquée dans la situation d’occurrence, alors que le partitif contribue à construire une occurrence en la déterminant uniquement qualitativement, sa délimitation quantitative étant fournie par la situation d’occurrence ou par une expression classificatrice. Une attention particulière est portée aux procédés par lesquels est élaborée
l’idée de pluralité sans recours à une marque grammaticale du pluriel. Sur la base des valeurs référentielles propres au nominatif et au partitif, on propose une analyse sémantique de deux quantifieurs ayant la même base lexicale et indiquant un nombre indéfini (« plusieurs »), mais dont la syntaxe est différente : moni suivi du nominatif singulier et monta suivi du partitif non pluriel.