La Mission pour les Initiatives Transverses et Interdisciplinaires (MITI) du CNRS finance actuellement le projet Géo-Origines porté par le groupe exobiologie au CBM, CNRS, Orléans. L’objectif est de créer un réacteur hydrothermal pour étudier les réactions chimiques ayant pu contribuer à l’apparition de la vie sur Terre. La vie est apparue sur Terre il y a près de 4 milliards d’années, très probablement à proximité des sources hydrothermales abondantes à cette époque [1]. Dans ces environnements dynamiques, les fluides émanant des évents percolaient à travers les sédiments adjacents, volcaniques et très réactifs, en formant des gradients de température et de pH. Ces conditions ont pu favoriser la formation de molécules prébiotiques à partir de molécules organiques d’origine endogène et exogène. Ainsi, nous avons récemment montré que des gradients de température créaient un état stationnaire de non-équilibre ayant pu jouer un rôle important dans la sélection du -furanose comme sucre constitutif de l’ARN [2]. Pour aller plus loin dans notre étude, nous avons fabriqué un dispositif complet permettant d’effectuer des réactions chimiques dans des conditions reproduisant les environnements hydrothermaux de la Terre primitive de façon réaliste. Ce réacteur prébiotique se caractérise par deux enceintes chauffées et/ou refroidies à différentes températures reliées entre elles par un tube en verre. En jouant sur la pression dans les enceintes ou en orientant le système, il est possible de faire circuler des fluides riches en molécules organiques au travers de roches représentatives de la Terre primitive. Equipé d’une lampe UV, d’entrées de gaz et de systèmes de chauffage et de refroidissement, il permet de créer des gradients de température et de pH, de contrôler la pression et la composition de l’atmosphère, de simuler des irradiations ou encore de reproduire des cycles humide-sec. Des sondes et une caméra thermique permettent de décrire avec précision les gradients de température et des orifices de prélèvement permettent de contrôler la composition des fluides en différents endroits du système. Enfin, des analyses spectroscopiques Raman et UV-vis sont également possibles in situ au niveau du tube en verre. Les phases de tests et de calibrations sont en cours et les premiers résultats sont attendus dans les mois à venir. Références [1] F. Westall, K. Hickman-Lewis, N. Hinman, P. Gautret, K.A. Campbell, J.G. Bréhéret, F. Foucher, A. Hubert, S. Sorieul, A.V. Dass, T.P. Kee, T. Georgelin and A. Brack, Astrobiology, 18:3, (2018). [2] A. V. Dass, T. Georgelin, F. Westall, F. Foucher, P. De Los Rios, D. M. Busiello, S. Liang and F. Piazza, Nature Communications, 12:1, 2021.