Pour les fractions stables des classes populaires rurales, la double distance, sociale et spatiale, à l’enseignement supérieur entraîne la reproduction des inégalités d’une génération à l’autre. L’article vise à comprendre les ressorts des mécanismes permettant le franchissement de ces distances, à partir d’une étude de cas, exceptionnel, qui, par une enquête qualitative procédant par analyse généalogique intergénérationnelle, révèle de manière exemplaire des dynamiques sociales repérées dans quatre familles du Grand Ouest de la France. Un mandat familial d’ascension sociale par la voie scolaire, rendue possible par les politiques de démocratisation scolaire, se transmet sur trois générations et est accompli par l’un des descendants. Cet article se propose d’en examiner les conditions objectives et subjectives de réalisation, à travers l’analyse du cas de Margot.