L’ancrage identitaire et territorial dans la construction des stratégies d’adaptation au changement climatique : réflexions sur les filières grandes cultures, viticulture et brasserie dans le Rhin Supérieur (France, Allemagne, Suisse) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2021

L’ancrage identitaire et territorial dans la construction des stratégies d’adaptation au changement climatique : réflexions sur les filières grandes cultures, viticulture et brasserie dans le Rhin Supérieur (France, Allemagne, Suisse)

Résumé

Le Rhin Supérieur est un espace homogène partagé par la France, l’Allemagne et la Suisse. Les conditions naturelles y sont tout aussi favorables au développement d’une agriculture intensive qu’à une démarche plus qualitative. On y trouve ainsi une filière grandes cultures très productive, une filière viticole de renommée internationale et une filière brassicole à la fois ancienne et en plein renouvellement. Cependant, l’ancrage territorial et identitaire de ces trois filières est fort différent, traduisant, notamment, un rapport différent à la mondialisation, à la transition écologique et aux questions environnementales telles que le changement climatique. L’approche comparative entre filières est ici d’autant plus intéressante qu’elle s’effectue dans un cadre transfrontalier. La viticulture revendique explicitement une identité locale, construisant sa typicité et sa visibilité à l’international sur son lien au terroir et son héritage culturel et paysager. Ceci permet de créer un lien fort avec le consommateur, par la vente directe, des sites internet, des visites et dégustations, des manifestations ou encore simplement les étiquettes, qui sont autant de moyens de créer et communiquer une identité. A l’inverse, la grande culture n’établissait jusqu’à récemment aucun lien entre le territoire et les produits, ou entre producteur et consommateur, en dehors de quelques cas limités de vente directe. La plupart du temps, le producteur ne sait ainsi pas où sont commercialisés ses cultures et, dans cette filière, le consommateur ne sait que rarement d’où vient la matière première lorsqu’il achète le produit final. Quant à la filière brassicole, en pleine mutation du fait du développement des brasseries artisanales, elle présente des aspects communs à la viticulture et aux grandes cultures. D’une part, beaucoup de brasseries font de la vente directe et font beaucoup d’effort pour se créer une identité et la véhiculer au consommateur (étiquettes, sites internet, visites et dégustations, manifestations). L’ancrage territorial est aussi souvent revendiqué, mettant en avant la proximité des réseaux d’approvisionnement et de commercialisation ou l’ancienneté de la brasserie sur le territoire, dont elle a hérité les traditions, allant parfois jusqu’à se référer au terroir (voir par exemple les appellations sur houblons ou malts, mais aussi la mise en valeur de caractéristiques particulières de l’eau). D’autre part, la bière est aussi beaucoup commercialisée en circuit long et particulièrement en supermarché, et certaines brasseries n’hésitent pas à utiliser des ingrédients issus de l’autre bout du monde pour chercher une diversité de saveurs exotiques, cherchant plus à faire voyager qu’à se rattacher au territoire. Néanmoins, la problématique du changement climatique pourrait rapidement impacter l’organisation et les dynamiques de chaque filière, et remettre en cause ou renforcer certains des ancrages. En effet, grandes cultures, viticulture et brasserie risquent d’être fortement frappées dans le Rhin Supérieur, en termes quantitatifs et qualitatifs, et devront s’adapter, tant en ce qui concerne la production que les circuits de commercialisation. Dans ce contexte, les stratégies d’adaptation vont – elles s’appuyer ou non sur des ancrages identitaires et territoriaux pour (ré)affirmer l’identité des produits et re-territorialiser ses activités et ses réseaux ? Ce qui revient, d’abord, à questionner l’importance des ancrages dans des stratégies d’adaptation, comme accélérateur ou comme frein ; ensuite à s’interroger sur les variation spatiales à différentes échelles, notamment dans un contexte transfrontalier. Nous chercherons à répondre à ces questions en nous appuyant sur les résultats d’entretiens semi-directifs menés auprès de producteurs français, allemands et suisses. Il s’agira, notamment, d’interroger le rôle de la frontière sur ces processus d’ancrage, alors que, par exemple, les cahiers des charges des AOP viticoles n’imposent pas les mêmes contraintes et n’ont pas la même importance en France et en Allemagne, alors que la question de l’introduction de cépages plus résistants à la sécheresse, à la chaleur ou au mildiou est au cœur des réflexion pour l’avenir de la filière. Pour les grandes cultures, même en l’absence d’appellations et de lien au consommateur, on verra que l’ancrage territorial existe, et porte certaines des stratégies d’adaptation au changement climatique, associant, de manière novatrice, choix de culture et circuit court, particulièrement dans les espaces les plus vulnérables. Cela nous amènera à questionner le rôle des réseaux à différentes échelles dans la créations d’ancrage territoriaux et identitaires, alors que, dans le contexte de la réforme controversée de la PAC, les organisations agricoles s’emparent de plus en plus, par exemple, du sujet de la conservation des sols et que l’on voit émerger des communautés de pratiques, notamment autour des techniques de travail simplifié du sol. Or, malgré une perception croissante et partagée de la menace liée au changement climatique, ces réseaux, ces pratiques, peinent cependant à traverser les frontières, entre les états, les territoires (au sens agronomique) et les filières.

Domaines

Géographie
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Origine Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03543320 , version 1 (25-01-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03543320 , version 1

Citer

Gaël Bohnert, Brice Martin. L’ancrage identitaire et territorial dans la construction des stratégies d’adaptation au changement climatique : réflexions sur les filières grandes cultures, viticulture et brasserie dans le Rhin Supérieur (France, Allemagne, Suisse). Atelier ancrage, ancrage territorial des produits et des activités agricoles, Dec 2021, En ligne, France. ⟨hal-03543320⟩
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