En quoi les artistes, plus spécifiquement graphiques et plastiques, prennent part à « la figure de l’intellectuel ». La figure de l’artiste militant semble y correspondre 1) dans son rapport à l’intellect et au savoir, 2) par son engagement éthique et 3) de par sa visibilité publique. Ainsi, ce chapitre montre comment l’histoire rapporte l’art à l’intellect d’abord sur un paradigme classique à l’encontre de l’opposition entre corps et esprit, ensuite pour les périodes modernes et contemporaines, entre deux approches contradictoires de l’art, irrationnelle et rationnelle/conceptuelle. Dans cette démonstration, nous comparons la figure de l’artiste à celles tutélaires de l’intellectuel : le savant, le journaliste et l’écrivain. Nous posons les questions de la formation, de la documentation, de la présence des artistes dans les débats d’idées ou les milieux militants, avec l’émergence de l’artiste-chercheur. Après un regard comparatif sur l’évolution de la notion d’intellectuel en France et en Roumanie, et sur les différentes formes d’engagement de l’artiste, nous l’illustrons par des exemples singuliers puisés dans l’histoire de l’art contemporain roumain, et dans les réseaux culturels engagés dans la crise européenne des réfugiés. Apparaît alors une nouvelle figure d’intellectuel : le professionnel de la culture, ajoutant au tableau à côté de l’artiste intellectuel, l’intellectuel de la culture, ouvrant sur la question de l’indépendance de ces figures militantes.