The Invisibility of Images and their transport.
L’invisibilité des images et leur transport.
Résumé
We do not see images circulating but visibilities in abundance. It is by starting from this distinction between "images" and "visibilities" (M.-J. Mondzain, 1996) that we are going to treat their circulation. If the visibilities circulate at the speed of the electricity on the network of the networks, it is not the same of the images. They are our blind spot, we see them (when we want to see them well) in the shadow of the visibilities. They are ostracized by the power, the one to make see because they are a brake to the free circulation of visibilities. The images are critical thought in iconic form when the visibilities are complacent mirrors subjected to the desire to dominate. What the visibilities pursue is a taking of power: to capture the attention and to lead the thought and the acts in the direction of the discourse which underlies them. Thus of publicity, capitalist propaganda as of the socialist realism or any other instrumentalization of what appears as image but which is the visual translation of an ideology.
Of the circulation of visibilities we will be able to say only banalities. We will try to raise nevertheless a fact little observed and which will help to understand the reasons for which the images do not circulate: the extreme facility that the visibilities have to submit to the discourses and to pursue a goal. Aesthetically accompanied, they have no end but the project to which they are assigned.
On their side, the images escape any teleology, their completion is without end because they do not have project, they pursue a journey (Souriau, 2017) and their movement develops in the duration. Thus they escape whoever would like to master them. They do not circulate, they cross the tracks of control. It is this crossing in the duration (Steiner, 1994) that we are going to develop to discover how this mode of existence of the images in the era of the digital and the Internet subverts the contemporary culture whose thread is the visibility subordinated to what makes current events (Heinich, 2012).
We will then question ourselves on what makes images through the digitized world and their mode of transport. We will posit that they are related to certain principles of creation that we can find in the manufacture of free software, open to copying, distribution and modification (Blondeau & Latrive, 2000). Under these conditions, the images participate in the "narrative of dreams and visions" (Legendre, 2001) evolving in a "latent common" (Tsing, 2017). Close to the acheiropoïet forms and the ready-made, they find in the digital and the internet a favorable environment to their moving development (Bergson, 2013). But far from being accomplished in a limitless circulation, they occur only when certain operating modes are conducive to their existence. Our conclusion will focus on the attention to be paid to images and their appearances within the circulation of visibilities. It will be a question of proposing an art of observing which takes into account the techné as much as the ars.
Nous ne voyons pas d’images circuler mais des visibilités à foison. C’est en partant de cette distinction entre « images » et « visibilités » (M.-J. Mondzain, 1996) que nous allons traiter de leur circulation. Si les visibilités circulent à la vitesse de l’électricité sur le réseau des réseaux, il n’en est pas de même des images. Elles sont notre point aveugle, nous les voyons (quand nous voulons bien les voir) dans l’ombre des visibilités. Elles sont ostracisées par le pouvoir, celui de faire voir car elles sont un frein à la libre circulation des visibilités. Les images sont de la pensée critique sous forme iconique quand les visibilités sont des miroirs complaisants soumis au désir de dominer. Ce que poursuivent les visibilités est une prise de pouvoir : capter l’attention et conduire la pensée et les actes dans la direction du discours qui les sous-tend. Ainsi de la publicité, propagande capitaliste comme du réalisme socialiste ou tout autre instrumentalisation de ce qui apparaît comme image mais qui est la traduction visuelle d’une idéologie.
De la circulation des visibilités nous ne pourrons dire que des banalités. Nous tenterons de relever néanmoins un fait peu observé et qui aidera à comprendre les raisons pour lesquelles les images ne circulent pas : l’extrême facilité qu’ont les visibilités à se soumettre aux discours et à poursuivre un but. Accomplies esthétiquement, elles n’ont de fin que le projet auxquelles elles sont assignées.
De leur côté, les images échappent à toute téléologie, leur achèvement est sans fin car elles n’ont pas de projet, elles poursuivent un trajet (Souriau, 2017) et leur mouvement se développe dans la durée. Ainsi échappent-elles à qui voudrait les maîtriser. Elles ne circulent pas, elles traversent les pistes de contrôle. C’est cette traversée dans la durée (Steiner, 1994) que nous allons développer pour découvrir comment ce mode d’existence des images à l’ère du numérique et de l’internet subvertit la culture contemporaine dont le fil conducteur est la visibilité inféodée à ce qui fait actualité (Heinich, 2012).
Nous nous interrogerons alors sur ce qui fait images à travers le monde numérisé et leur mode de transport. Nous poserons qu’elles ont rapport avec certains principes de création que nous pouvons trouver dans la fabrique de logiciels libres, ouverts à la copie, la diffusion et à la modification (Blondeau & Latrive, 2000). Dans ces conditions, les images participent du « récit des rêves et des visions » (Legendre, 2001) évoluant dans un « commun latent » (Tsing, 2017). Proches des formes acheiropoïètes et du ready-made, elles trouvent dans le numérique et l’internet un milieu favorable à leur développement mouvant (Bergson, 2013). Mais loin de s’accomplir dans une circulation sans limite, elles ne surviennent que lorsque certains modes opératoires sont propices à leur existence. Notre conclusion portera sur l’attention à porter aux images et à leurs apparitions au sein même de la circulation des visibilités. Il s’agira de proposer un art d’observer qui prenne en compte la techné autant que l’ars.
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