L’article présente une étude ethnoarchéologique dont l’objectif est de cerner les principales caractéristiques de la pratique de la tombe collective dans les sociétés traditionnelles de l’île de Sumba (Indonésie) et de montrer comment les éléments recueillis peuvent nous conduire à modifier notre manière d’appréhender les tombes collectives du Néolithique européen. Les sociétés sélectionnées sont les dernières au monde à construire des monuments mégalithiques dans le but d’en faire des tombes collectives. La maîtrise de l’arrière-plan social et religieux et une connaissance du vécu subjectif des individus impliqués constituent ici les principaux atouts de la démarche ethnoarchéologique. Dans le cadre de l’étude systématique d’un village, un grand nombre de « biographies » de dolmens ont été établies. Les principaux résultats sont : 1, la mise en évidence de l’utilisation simultanée de plusieurs sépultures collectives par un même groupe de référence (dans le cas de Sumba le lignage), qui nous a conduit à proposer la notion de « pool » de dolmen ; 2, une réflexion sur les causes des interruptions (hiatus temporels) observés dans l’utilisation des tombes collectives néolithiques ; 3, une première évaluation de l’apport potentiel du référentiel sumbanais dans l’interprétation des résultats des études paléogénomiques (celles orientées vers l’analyse des liens de parenté) de tombes néolithiques. This article presents an ethnoarchaeological study which aims to identify the main characteristics of the practice of collective burial among traditional societies on the island of Sumba (Indonesia). The results also show how the data collected can lead us to modify our understanding of Neolithic collective tombs in European records. These societies are the last in the world to build megalithic monuments intended to be used as collective tombs. Knowledge of the social and religious background and of the subjective experience of the individuals involved is, in this case, the main asset of the ethnoarchaeological approach. Within the systematic study of a village a large number of “biographies” of dolmens were established. The main results are the following: first, the simultaneous use of several collective burials by the same reference group (in the case of Sumba the lineage) could be identified, which led us to propose the notion of a dolmen “pool”; second, a reflection on the causes of the interruptions (temporal hiatus) observed in the use of Neolithic collective tombs could be proposed; third, an initial assessment of the potential contribution of the Sumbanian reference system with regard to the interpretation of the results of paleogenomic studies (those oriented towards the analysis of kinship links) of Neolithic tombs could be established.