Je souhaite aborder l'opposition entre imaginaires urbains autour du commun, du paysage partagé, et au contraire autour du privé, des gated communities et de l’entre-soi., en l'illustrant par un projet qui tente de porter l'occupation sur ce que l’on nomme les “franges ou tiers paysages”(Clément, 2020). La nouvelle place faite à la nature est en tension avec les dynamiques spontanées des urbains depuis les deux derniers confinements. Ce projet “en Lisière” vise à structurer un collectif multi-acteurs pour co-construire et gérer de manière intégrée un espace à l’interface entre la ville de Marseille et le Parc national des Calanques (PnCal) avec l’approche de la permaculture et ainsi contribuer à la « transition écologique » (Den Hartig Cyrielle, 2013). Il s’agit de faire réfléchir et faire travailler ensemble des associations de citoyens et des acteurs publics et privés et plus récemment des artistes invités afin de créer un espace ouvert à tous d’observation, d’initiation, d’apprentissage, de recherche, de coopération et de transmission des enjeux de la biodiversité. Il s'agit d’une ancienne parcelle agricole située à la fois dans le périmètre du PnCal et à proximité de grands ensembles urbains dont un quartier populaire du 11ème arrondissement de Marseille. Ce paysage en interface ville/nature - à la fois fondamentalement urbain et caractéristique d’une nature exceptionnelle et protégée, invite à imaginer et valoriser des liens géographiques (rurbain - périurbain), écologiques (de la ville à l’agricole jusqu’à l’espace naturel du PnCal) et culturels, (du vernaculaire et des historiques d’usages aux enjeux contemporains pour l’environnement et la ville durable). Cette parcelle a permis à des générations d’habitants, dont beaucoup de populations immigrées, de développer des usages. Mais depuis 2021, deux ensembles de logements individuels construits sur le modèle de lotissements pavillonnaires clos souhaitent fermer cet espace. Durant le confinement, cette frange a vu sa fréquentation augmenter : balades, promenade des chiens, se rendre au PnCal sans passer par les accès principaux bondés etc. Des pétitions fleurissent contre la privatisation des accès, qui ont mené des actions pour valoriser la parcelle depuis plus de 80 ans (Khouri, 2016). Je souhaite interroger les rôles tenus de la nature et de ses imaginaires spécifiques dans nos environnements urbains, nos jardins privés et collectifs (Brondeau Florence, 2017 ; Demailly Kaduna-Eve, 2017), nos places, parcs et paysages La méthodologie d’analyse est ethnographique et ancrée , avec participations aux diverses réunions de sensibilisations avec les collectifs et acteurs en présence, promenades avec les habitants sur la parcelle, captation photographique. Quel seront les rôles futurs cette nature à Valbarelle ? Rôles envisagés en tension visant à garder cet espace non encore clos avec son charme du « non exploité », voire soit prétexte au « non-agir » (collectif Loco, 2016). Bibliographie Brondeau Florence, « Jardiner pour coproduire la ville », Géographie et cultures [En ligne], 103 | 2017, mis en ligne le 18 octobre 2018 Clément Gilles, 2020, Manifeste du Tiers Paysage, Édition du commun, coll. Culture des précédents, 81 p. Demailly Kaduna-Eve, 2017, Les jardins partagés franciliens. Des territoires de transition environnementale ? Géographie et cultures, L’Harmattan, pp.79-95. Den Hartig Cyrielle, 2013, Jardins collectifs urbains : leviers vers la transition, Mouvements, n°75, pp. 13-20 Khouri Liliane, 2016, Il était une fois la Cité Michelis à Marseille, Gaussen, 160 p. Collectif Loco, 2015, Machines de guerre urbaines, Manola Antonioli sd., Ecole nationale supérieure d’Art de Dijon, Editions Loco 303 p.