L’évaluation des trajectoires de décarbonation des économies et des politiques climatiques a donné lieu, depuis les années 1990, au développement d’une communauté de modélisations intégrées économie-énergie-environnement. Avec la montée en puissance des travaux du GIEC et en particulier ceux de son Groupe de Travail n°3, qui étudie les conditions de l’atténuation du changement climatique, les modèles d’évaluation se sont multipliés. Leurs analyses permettent d’évaluer notamment le coût marginal de la tonne de carbone évitée, pour d’atteindre un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ou de stabilisation de leur concentration dans l’atmosphère, ou encore les coûts d’investissements nécessaires dans les différents secteurs. Dans leur grande majorité, ces modèles évaluent que la prévention du risque climatique nécessite certains coûts, conduisant dans un premier temps, au-delà des éventuels effets keynésiens immédiats, à des impacts négatifs sur le PIB et la consommation marchande, par rapport aux scénarios de référence . Cependant, pour apprécier la « valeur sociale nette » des politiques de réduction des émissions, il faut non seulement intégrer les bénéfices découlant des dommages climatiques ainsi évités (évènements extrêmes, effets sanitaires des vagues de chaleur par exemple, impacts sur les rendements agricoles, les régimes hydrologiques et la biodiversité…), mais aussi des co-bénéfices associés, c’est-à-dire des bénéfices autres que la diminution des impacts du changement climatique (par exemple la réduction conjointe d’autres polluants atmosphériques agissant directement sur la santé des populations). Ces co-bénéfices sont nombreux et de natures diverses. Etat des lieux sur les méthodologies développées pour les évaluer et sur les résultats obtenus et enjeux pour l’acceptabilité des politiques climatiques…