Après avoir fait le point sur la notion de frontière en science politique, ce chapitre s’intéresse à la coopération syndicale qui a pu se développer entre le Jura suisse et le Jura français, à travers la mise en place d’un conseil syndical interrégional (CSIR). Mais ce dernier, tout en étant implanté sur des terres marquées par une riche histoire syndicale, a disparu au bout de quelques années. Cet échec traduit les difficultés de faire cause commune sur le plan social et syndical par dessus la frontière franco-suisse et donc la résistance de cette dernière dans un contexte qui – européanisation et globalisation aidant – semblerait pourtant être celui de l’estompement des frontières. Mais la barrière entre les États et les modèles sociaux qui leur sont consubstantiels n’est probablement pas seule en cause. Sans doute faut-il incriminer aussi les transformations du syndicalisme et, en l’occurrence, un mouvement d’institutionnalisation des organisations syndicales qui s’est réalisé au détriment d’une dimension plus militante sinon populaire de celles-ci, ce qui a privé le CSIR d’un ancrage sociologique tandis que ses composantes nationales privilégiaient des tâches plus étroitement juridiques et nationales.