En 2013, la ville de Marseille reçoit le titre de capitale européenne de la culture après plusieurs mois de candidature et une compétition accrue avec les villes de Lyon, Toulouse et Bordeaux. Pour obtenir ce titre, le territoire MP13 (Marseille-Provence capitale européenne de la culture 2013) a en partie orienté sa stratégie de communication autour des nombreuses faiblesses de la cité phocéenne en proie à un certain nombre crises. L’obtention d’un tel titre s’inscrit dans la lignée de plusieurs travaux scientifiques (entre autre : ROGERS, 1954 ; LANDRY, BIANCHINI, 1995 ; FLORIDA, 2002 ; VIVANT, 2009) et d’expériences (réseaux des villes créatives de l’UNESCO, smart-cities, capitales européennes du sport…) valorisant l’émergence d’une géographie de la créativité. Pour tenter d’enrayer un cycle peu vertueux en termes économique, social et territorial, les équipes en charge de la candidature de Marseille ont fait la part belle à l’événement et plus précisément à l’événement créatif c’est-à-dire qui se base sur les secteurs de la culture, des sciences, du sport et d’une manière générale sur l’ensemble des loisirs. Pendant un an, le territoire MP13 va donc s’organiser autour de nombreux événements aux temporalités diverses dans le but affiché de redorer son image et de gagner une nouvelle visibilité notamment aux échelles nationale et internationale. Dès lors, le rôle joué par l’événement semble prépondérant dans le sens où il est présenté comme le véritable catalyseur de transformations socio-spatiales fructueuses pour la deuxième ville de France. Ces « métamorphoses urbaines » sont par ailleurs au cœur des discours et des politiques prônant le dynamisme local, la mixité sociale ou encore la croissance économique. Qu’il s’agisse des discours politiques ou des concrétisations territoriales visibles, l’événement créatif occupe donc une place centrale dans l’action publique marseillaise et les décideurs locaux n’hésitent pas à l’utiliser dans le but d’amorcer, de pérenniser et d’approfondir le développement local. L’objectif de ce travail est donc d’interroger le pouvoir réel de l’événement créatif sur les transformations territoriales d’une ville profondément impactée par la crise. Car si, à première vue, l’événement créatif contribuerait à l’établissement du bonheur urbain (« happy city »), dans les faits, le cas de Marseille semble bien plus contrasté.