L’affaire du prieuré de Saint-Josse est bien connue des hauts médiévistes, grâce au témoignage exceptionnel qu’en a laissé l’abbé Loup de Ferrières. Celui-ci s’est battu pendant plus de dix ans pour reprendre le contrôle de cette dépendance, avantageusement située sur les rives de la Canche, non loin du portus de Quentovic. Les lettres de Loup témoignent de ses manœuvres visant à obtenir de Charles le Chauve la rétrocession de Saint-Josse, mais elles ne révèlent pas tout et la recherche a dû abandonner bien des pistes, faute de sources. La reprise du dossier sous l’angle de la coopétition offre de nouveaux éclaircissements, autant sur l’affaire de Saint-Josse que sur l’éventail des tactiques à la portée des hommes comme Loup, du temps des Carolingiens. Car il y a plus que les lettres cet arsenal : il semble que l’abbé Loup ait joué de sa participation aux assemblées et à l’armée pour négocier avec son roi. Ce faisant, il joue effectivement de la dynamique coopétitive qui l’associe au comte Odulfe, à Charles le Chauve et aux adversaires de ce dernier. Leurs interactions ne se laissent démêler que si l’on considère le croisement de deux échelles d’interaction, celle des princes souverains et celle de leurs fidèles.