L'« universalité » des phénomènes critiques est abondamment discutée en philosophie de l'explication scientifique, des idéalisations, ainsi qu'en philosophie de la physique. Lange et Reutlinger se sont récemment opposés à Batterman à propos du rôle de certaines distorsions délibérées dans l'unification de larges classes de phénomènes indépendamment de leur constitution microscopique. Ils plaident pour un rôle explicatif essentiel joué par les "points communs" plutôt que les idéalisations. En se basant sur l'intuition de Batterman, cet article vise à montrer la nécessité de bien mesurer les différences entre l'universalité des phénomènes critiques et celle de deux cas paradigmatiques de la "stratégie des points communs" – le modèle du gaz parfait et celui de l'oscillateur harmonique – pour échapper aux objections soulevées par Lange et Reutlinger. Prendre ces explications universelles comme point de comparaison pour les phénomènes critiques révèle l'importance des différents rôles joués par les analogies qui sous-tendent l'utilisation de ces modèles. Une combinaison particulière d'analogies physique et formelle permet d'expliquer l'autonomie épistémique que présente l'universalité des phénomènes critiques au moyen d'une boucle explicative.