Patrimonialiser la déviance
Résumé
Le musée d’anthropologie criminelle de Cesare Lombroso a toujours été controversé, de sa naissance – que l’on peut situer dans les vingt dernières années du XIXe siècle – jusqu’à nos jours, en raison des polémiques profondes qui marquent encore l’interprétation du processus d’unification italienne. Cet article analyse deux épisodes de ce parcours muséal : le premier a eu lieu durant la période de formation de l’institution, à savoir la participation de l’anthropologie criminelle italienne à l’Exposition universelle internationale de Paris en 1889 ; le second appartient au nouveau millénaire et questionne la manière dont le médecin de Vérone et sa théorie du criminel-né ont été représentés au musée du brigandage inauguré à Itri (Latina, Latium) en 2003. Loin de constituer une expérience isolée, le musée Lombroso est caractérisé par des liens profonds avec les contextes national et européen : en retracer l’évolution sur le long terme constitue, me semble-t-il, une occasion de réfléchir aux modifications intervenues, au fil du temps, dans les pratiques d’exposition des restes humains et de patrimonialisation de la déviance.