La suppression de l’expression « animaux malfaisants ou nuisibles » dans le code de l’environnement, remplacée par la périphrase « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts », ne prive pas de son objet une réflexion juridique sur les animaux nuisibles. Au-delà du changement terminologique, le statut juridique des « ex-nuisibles » n’a pas été véritablement modifié sur le fond ni par la loi « Biodiversité » du 8 août 2016, ni par son décret d’application du 28 juin 2018. Toutefois, il a connu de très grandes modifications au cours du siècle passé. Notre approche, pour traiter ce sujet, est résolument diachronique : il s’agit d’éclairer le droit positif à l’aune des fondements historiques encore bien présents, bien que sous-jacents, tout en montrant les ruptures. Elles ont conduit à rendre compatible, en tout cas dans une certaine mesure, le droit de la destruction des nuisibles par rapport aux obligations environnementales internationales de la France. Une clé de lecture est proposée : celle d’une dialectique entre la permanence et les évolutions du droit des « nuisibles ». Ce qui perdure, c’est l’existence d’un (ou plus exactement de plusieurs) droit(s) de destruction de certains animaux sauvages. Ce qui évolue, ce sont les conditions d’intervention de la destruction : l’encadrement croissant des modalités de classement et de destruction des animaux concernés. Le panorama serait cependant incomplet si n’étaient mises en lumière les contingences de la qualification des espèces animales comme nuisibles ; elles interrogent la ou les identités de l’animal nuisible, qui à certains égards semble(nt) connaître plus de fluctuations qu’une évolution réellement linéaire.