Le nombre de pratiquant.e.s de yoga ne cesse d’augmenter en France depuis dix ans et sa médiatisation est également de plus en plus importante, en particulier auprès d’une audience fortement féminisée. D’une part le yoga (comme ensemble de pratiques et de discours) contribue centralement au développement de l’industrie du bien-être et d’autre part il comporte une dimension genrée dans la conception de la pratique elle-même. En effet, on observe une diversification et une montée en puissance des pratiques autour de la thématique de la « féminité » avec l’apparition de cours et stages destinés exclusivement aux femmes et fondées sur l’idée d’une « nature féminine » (« énergies féminines », yoga « mère-enfant », etc.). En considérant les pratiques yogiques comme support de projection d’autres vies possibles, elle constitue ainsi une ressource non négligeable pour pour desserrer l’étau des rapports sociaux de domination. S’émancipe-t-on par le yoga des limitations imposées par son appartenance sociale et sexuée? Le yoga renforce-t-il les modèles sexués ou permet-il, même relativement de s’en affranchir ? A partir des résultats d’un enquête quantitative inédite menée par l’INJEP en France (N= 783), nous ambitionnons d’établir les grandes logiques structurant l’espace des pratiques yogiques en France contemporaine et d’analyser dans quelle mesure ces différentes modalités de pratiques riment avec dynamique ou renforcement de certains stéréotypes de genre.