Des CRS aux honneurs de la République, l’ambiguïté politique de la French touch - Archive ouverte HAL
Communication Dans Un Congrès Année : 2020

Des CRS aux honneurs de la République, l’ambiguïté politique de la French touch

Résumé

Deux points de rencontre entre l’univers de la politique et celui des musiques électroniques populaires illustrent l’évolution de leur perception par la société française. 16 juin 1996 : à l’aube, la police française assiège le château de Vaux-le-Pénil. À l’intérieur, Pedro Winter, les Daft Punk et Frédéric Zdar, parmi de nombreuses autres figures du mouvement French Touch naissant, sont interrompus au milieu de l’une de ces rave parties considérées comme des « soirées à haut risque » par le ministère de l’Intérieur français et réprimées en tant que telles. 1er février 2005 : Renaud Donnedieu de Vabres, Ministre de la Culture, remet au même Frédéric Zdar et à plusieurs autres artistes de la French Touch les insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et Lettres. Il semble donc que le statut de la musique électronique française ait évolué, en moins de 10 ans, du mouvement underground réprimé au phénomène culturel objet de fierté nationale. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre affirmer par d’anciens fans nostalgiques de la folie des premières raves que le mouvement serait devenu trop mainstream, trop commercial, trop radiophonique… cédant en cela aux sirènes de la célébrité et de l’argent facile. Un refrain maintes fois répété au cours de l’Histoire des musiques populaires. À travers l’exemple de la French Touch, je chercherai à montrer comment s’opère la transition entre l’underground et le mainstream, ces pôles complémentaires communément employés pour décrire le niveau d’acceptation par la société et de succès commercial d’un phénomène de musiques populaires. Je mentionnerai quelques repères historiques symptomatiques de l’évolution de la pensée politique autour de cette mode : déclarations, tentations de récupération, décisions affectant – de près ou de loin, volontairement ou involontairement – le mouvement. Mais il sera tout aussi important d’évoquer les contextes économique et médiatique, étroitement interconnectés avec la politique, qui ont accompagné cette évolution dans un élan commun. Une autre question se fera jour à la lumière des faits historiques et du contexte socio-politique : est-il encore possible de résister ou de contester lorsqu’on se tient sous la lumière des projecteurs ? Le cas plus spécifique des Daft Punk est particulièrement intéressant en la matière. Peu d’artistes auront été aussi paradoxaux dans leur rapport au système : immensément populaires et lucratifs, et néanmoins influencés par Underground Resistance , résistant eux-même à la SACEM, aux majors et à leurs standards, aux honneurs de la Républiques et à toute pression concernant leurs choix artistiques.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03326403 , version 1 (25-08-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03326403 , version 1

Citer

Sebastien Lebray. Des CRS aux honneurs de la République, l’ambiguïté politique de la French touch. Journée des jeunes chercheurs du GREAM, Feb 2020, Strasbourg, France. ⟨hal-03326403⟩

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