Neuf récits de sièges de ville dans la Bourgogne du Moyen Âge À l'heure où l'on entend dire et redire, avec plus ou moins de bonne foi, que l'archéologie est en train de découvrir un autre Moyen Âge et qu'elle seule peut apporter des sources nouvelles, ce n'est pas sans un brin de provocation que j'ai proposé d'approcher les enceintes urbaines bourguignonnes d'un point de vue strictement littéraire. Car, pour qui veut se donner la peine de bien lire le latin médiéval, les vieux textes classiques édités et paraphrasés depuis des siècles ont encore beaucoup de choses à dire. Et, s'ils ne prétendent pas à l'objectivité minérale et monumentale du mur de pierre, eux seuls sont les dépositaires et les interprètes du sens que l'homme du Moyen Âge donnait à ces murailles. Cette petite étude sur les récits de sièges bourguignons ne prétend pas être exhaustive. J'ai sélectionné quatre sièges célèbres, illustrés par neuf textes littéraires, qui m'ont semblé présenter une cohérence et des résonnances intéressantes. J'ai donc laissé tomber la prise de Chalon dans la Chronique de Frédégaire, qui n'est guère qu'une simple mention, et la prise de Vézelay rapportée par Hugues de Poitiers, car il s'agit plutôt d'une révolte urbaine. Je me suis arrêté chronologiquement au siège de Châtillon de 1187 et je n'évoquerai donc pas la quinzaine de sièges bourguignons de la guerre de Cent ans (La Charité, Semur, Autun…), les sièges de l'invasion de 1477, ni le fameux siège de Dijon en 1513, qui retient mon attention dans un autre cadre. t Plan de la ville d'Autun en 1575, dessiné par Belleforest (sud en haut), édité par MUNSTER, Cosmographie universelle… t. 1, p. 293.