L'explication des rythmes biologiques par Urso de Salerne est intimement liée à sa théorie du mélange et des éléments. Dans ce qui est un modèle théorique plutôt qu'une description de la réalité physique, Urso a représenté les mélanges comme des conjonctions d'éléments, qui prennent la forme de séquences de points numérotés, actifs et inactifs. Ces séquences sont, à leur tour, conçues comme des expressions d'un ensemble fixe de modèles. Selon Urso, la durée, la fréquence et la périodicité des processus biologiques sont fonction des schémas des mélanges qui les sous-tendent. Dans ce qui est la première contribution à la combinatoire dans l'Occident médiéval, Urso a d'ailleurs tenté de calculer le nombre de mélanges possibles. Il l'a fait en prenant comme base douze éléments, au lieu des quatre traditionnels. Dans cet article, Urso' s calculs combinatoires sont rejoués afin de mieux comprendre sa méthode - qui est mécanique plutôt que mathématique - ainsi que la fonction précise des diagrammes et des tableaux uniques qu'il a introduits comme outils de calcul. Il est soutenu que les calculs ont servi la thèse d'Urso pour démontrer que la diversité des corps naturels et tous les phénomènes naturels, en particulier les rythmes biologiques, sont déterminés par le mélange des éléments. On montre enfin que le concept d'Urso de motifs et de conjonctions élémentaires et sa théorie de l'analogie entre structure matérielle et rythme temporel sont fermement enracinés dans la conception médicale du temps. Les notions médicales de crise, de jours critiques et de fièvres intermittentes ont fourni à Urso des modèles évocateurs. En tant que tel,