“Qu’est-ce qu’on a fait de notre Révolution ?” – La Terreur en débat dans Marat-Sade de Peter Weiss
Résumé
« Nous sommes les inventeurs de la Révolution / mais nous ne savons pas encore nous en servir » : c’est ce qu’amer, Marat déclare à Sade lors d’un échange « imaginaire » composé par Peter Weiss dans sa pièce La Persécution et l’Assassinat de Jean-Paul Marat représentés par le groupe théâtral de l’hospice de Charenton sous la direction de monsieur de Sade (1964). Échappant à toute « vérité historique », cette pièce, plus connue sous le titre abrégé Marat-Sade, se resserre autour non des événements ayant mené à l’assassinat de Marat par Charlotte Corday mais d’un débat fictif entre l’Ami du peuple et le divin marquis sur la nature de la Révolution – doit-elle être théorique ou pratique, individuelle ou collective ? – et sur son devenir – l’Empire s’inscrit-il dans le prolongement de la Révolution ou marque-t-il son dépassement ? Il semble dès lors nécessaire de revenir sur cette œuvre majeure du répertoire du XXe siècle où la représentation de la Révolution et particulièrement de la Terreur dépasse le cadre historique pour engager l’époque contemporaine. C’est qu’avec ténacité, Peter Weiss interroge dans Marat-Sade la pertinence de l’idéal révolutionnaire aujourd’hui.