La communication se propose de comparer les productions slamées, rappées et écrites de Marc-Alexandre Oho Bambe, Kalimat et Rohân Houssein. Ces trois artistes contemporains résidant en France, respectivement d’origines camerounaise, martinico-mauricienne et syrienne, articulent de façon constante les problématiques mémorielles à la question de l’utopie dans leurs œuvres. La mémoire peut y être familiale, personnelle, mais peut aussi souvent être analysée par un prisme postcolonial. Si l’esclavage, la colonisation, les rapports Nord/Sud de domination perpétuée sont systématiquement convoqués par ces auteurs, c’est précisément parce que ces évocations permettent de construire une mémoire utopique en acte. Volontiers « poéthiques », leurs œuvres chantent l’amour, le divers, la fraternité, la relation. Elles ne cherchent pas seulement, par le rappel d’un passé souvent traumatique, à imaginer un avenir utopique, mais bel et bien à le faire advenir. Cette poétique passe en effet principalement par la mémoire de la littérature : les références à Césaire, Fanon et Glissant y sont omniprésentes. Par une poétique performative du tissage, les mots des autres deviennent des forces vives, engageant leurs destinataires dans la co-réalisation du projet utopique.